Les œuvres de Stéphane Couturier, récompensé du Prix Niepce en 2003, ont intégré les collections des plus grands musées d’art du monde. Le photographe-plasticien français est notamment connu pour son travail sur l’architecture moderne. Au sein de la Galerie Christophe Gaillard, l’exposition « Monumental » revient sur ses séries de photographies les plus emblématiques, du début des années 2000 avec « Melting Point » à nos jours avec « Nouveaux constructeurs ».
« Monumental » : la photographie, inventrice de réalité
Les photographies de Stéphane Couturier représentent l’architecture urbaine, tout particulièrement les constructions modernistes de Le Corbusier à Chandigarh, d’Oscar Niemeyer à Brasilia ou de Fernand Pouillon dans la cité « Climat de France » à Alger. Il capture également des villes aussi différentes que Seoul ou Sète. Une fois ses clichés tirés à l’aide d’une technique de l’argentique des années 1960, celle du cibachrome, l’artiste utilise les outils numériques les plus contemporains pour monter ses œuvres.
Il compose en effet des « images numériques mouvantes » à partir de ses prises de vues urbaines. Ces dernières s’entremêlent et se superposent, jusqu’à saturation de l’espace. Le procédé donne aux œuvres l’allure de peintures abstraites ou cubistes : les fenêtres d’immeubles ou les toits en brique deviennent des motifs symétriques qui se déclinent à l’infini. Stéphane Couturier conçoit ainsi la photographie comme un « jeu de construction et de déconstruction du réel ».
« Monumental » : fixer le mouvement et mouvoir la fixité en photographie
Ré-inventer le réel ne signifie pas forcément le trahir. Si aucune figure humaine n’apparaît dans les œuvres de Stéphane Couturier, c’est pourtant bien le point de vue des Hommes sur la ville qu’il cherche à retranscrire. Le but est de représenter le plus fidèlement possible la façon dont on perçoit un lieu lorsqu’on l’habite.
Flâner dans la ville de Sète, c’est accumuler dans son esprit une multitude de points de vue d’un même endroit, qui est appréhendé visuellement par un sujet mouvant dans le temps et dans l’espace. Dans la veine moderniste de Proust, qui décrivait un paysage à travers les « impressions de route en voiture » de son personnage, Stéphane Couturier capture la ville en reconstituant les mouvements de l’œil spectateur.