Avec « Monumental », son premier projet sur scène, Jocelyn Cottencin s’attache à faire appel à notre mémoire collective, qu’elle soit proprement historique ou artistique, ne manquant pas souligner la puissance évocatrice centrale des représentations artistiques.
« Monumental » ou la déconstruction des images
 Jocelyn Cottencin est certainement iconoclaste. Tout à la fois plasticien vidéaste, et graphiste, il a eu l’occasion de collaborer avec des chorégraphes tels Loïc Touzé ou Emmanuelle Huynh, et d’ajouter ainsi à sa gamme de talents la danse.
Le spectacle qu’il présente au Théâtre de Cité internationale, est son premier projet pour la scène. « Monumental », qui fut d’abord un film destiné à être projeté lors d’expositions, est devenu un spectacle joué sur scène rassemblant douze interprètes.
« Monumental » est guidé par une intention essentielle : Jocelyn Cottencin veut nous conduire à nous interroger sur la manière dont nous percevons et construisons les images. Images qui, à n’en pas douter, occupent une place primordiale dans notre civilisation. Aussi ne manque-t-il pas de faire appel à l’histoire et notamment, l’histoire de l’art. Sur scène, les interprètes en appellent à diverses évocations. Ils peuvent évoquer Rodin et ses Bourgeois de Calais ou Du Guesclin, faire référence à des paysages de Richard Long. Mais les images sont accompagnées par des mots, scandés tout long de la représentation, et venant soutenir les mouvements des danseurs aussi bien que l’intelligence du spectateur.
« Corps patrimoine »
Sur la scène, les interprètes, lentement et progressivement incarnent une série d’œuvres d’art et de monuments. On peut voir alors se faire et se défaire des tableaux stimulant à la fois l’imaginaire personnel et collectif puisque Cottencin emprunte à l’art de la statuaire et à l’architecture pour que les corps de ses interprètes, selon ses souhaits, deviennent patrimoine. Comme le souligne lui-même Jocelyn Cottencin, « la réinterprétation des monuments est étudiée autour de quatre axes de travail afin qu’émerge l’endroit de circulation, de brassage et de partage de l’imaginaire des signifiants : le récit contenu dans chaque œuvre, la forme de celle-ci ainsi que son environnement, le visage, la figure et l’architecture. »
Guidés par cette question fondamentale, « Qu’est-ce qu’un monument aujourd’hui ? », les interprètes se pressent autour d’un éventail de vêtements étalés sur le sol et classés par couleur. Alors, chacun s’habille et se déshabille pour composer des scènes représentant des monuments. Formes, couleurs, matières, apparaissent et se combinent, suggérant et donnant corps à des créations connues de tous.