Akram Khan
Montpellier Danse. Desh
Akram Khan entre sur le plateau une simple lanterne à la main. L’enveloppant, une bande-son de bruits, de voix, de cris d’animaux signée Jocelyn Pook, compositrice à l’origine, entre autres, d’une partie de la musique d’Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick. Ses mouvements sont vifs, le travail au sol intense, les soubresauts qui traversent son corps constants. Desh est sans doute son travail le plus personnel, préparé en amont sur la terre natale de ses parents, le Bangladesh.
Desh parle des relations entre un père et un fils, ces liens entre générations que la vie parfois tend jusqu’au point de rupture. Akram Khan, aidé par l’écrivaine Karthika Naïr et le poète PolarBear, y raconte le petit garçon qu’il a été, l’homme qu’il est devenu. Mais pas seulement. On connaît le goût de Khan pour les mots. « Dans la danse indienne, vous avez le mouvement et le théâtre. En parlant dans certaines de mes créations contemporaines, je ne cherche pas un nouveau médium mais plutôt à retrouver une tradition que l’Ouest a perdue nous confiait-il il y a peu. Mais Desh est encore plus que cela, ce solo partagé est riche d’une imagination jamais prise en défaut: on y joue des ombres sous une chaise géante ou d’un simple visage qu’Akram a dessiné sur le haut de son crâne s’inventant un irrésistible double.
Dans Desh, Akram Khan utilise aussi des images animées pour donner à voir ce conte qui emprunte autant à la mythologie qu’aux expériences vécues. Et revient encore et toujours à la danse. Le décor, une sorte de mangrove stylisée imaginée par Tim Yip qui décrocha l’Oscar des meilleurs décors et costumes pour Tigre et Dragon d’Ang Lee, finira par avaler le danseur. Cette manière de renverser l’action, et par la même d’inverser le regard du spectateur, est une des trouvailles de Desh qui fourmille de surprises dont on se gardera de parler ici. Disons qu’Akram Khan en partant à la recherche de ses origines a rencontré bien plus qu’un pays. Son talent n’en est que plus réel.