Raimund Hoghe
Montpellier Danse. Cantatas
Cantatas. Un mot qui signifie chant et évoque irrésistiblement les cantates de Jean-Sébastien Bach. Et c’est bien par le Cantor de Leipzig que Cantatas commence, le célèbre Air suite pour orchestre N° 3 (en ré majeur) donnant le ton des trois heures qui vont suivre. Et comme souvent avec Raimund Hoghe, la couleur est plutôt sombre et suave comme la voix de Janet Baker qui accompagne de loin en loin, comme autant d’amers, cet étrange voyage dans un temps qui se dilate au gré de chaque instant. Une sorte de choc ténébreux qui s’attarde sur les regrets, et les souvenirs du chant qui revient.
La forme de la cantate s’insinue dans chaque repli de la pièce lui donnant sa dimension mélodique de poursuite alternative. Mais de cette ambiance funeste, faite pour peser sur nos cœurs, surgissent des invraisemblances, des moments grotesques, des travestissements, qui, avec la lenteur que distille la danse, ont des accents très butoh. Il y a des correspondances. Avec d’autres pièces de Raimund Hoghe, avec des bribes d’histoire de la danse, et surtout à l’intérieur de Cantatas. Comme si l’œil pouvait se promener au fil des heures, retrouvant un mouvement ici, un geste là , qui finiront par se cristalliser pour faire sens.
Et puis, il y a les interprètes d’exception, que les Montpelliérains connaissent bien, auxquels s’adjoint pour la première fois, une soprano, Kerstin Pohle, dont la présence charnelle donne à la voix tout son grain.
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