Cameron Platter
Monster
Le travail protéiforme de Cameron Platter aborde le thème de la consommation, de l’excès, des détritus, de l’identité et de la violence au sein d’une société fragmentée. Au travers d’un engagement aux sources transitoires et peu orthodoxes, son travail documente et déterre de manière schizophrénique une réalité contemporaine.
L’exposition «Monster» présente une installation de nouvelles sculptures, dessins, céramiques et tapisseries qui porte un regard sur un paysage intérieur en cannibalisant la sphère intime, politique et sociale. Ces monuments hybrides évoquant l’aspect transitoire et cauchemardesque des choses illustrent la subversion de l’artiste envers le medium et le contenu.
Dans sa série sculpturale «Alien», les formes en bois sculptées recréent une apparence de totems, tel un artefact. Issus d’inspirations multiples telles que Brancusi ou Moore, ces objets ethnographiques (du futur au passé), apparaissent comme des armes futuristes de «sci-fi», des sex-toys ou encore des objets fétiches qui fonctionnent comme une tentative de produire une authentique sculpture de manière authentique.
La sculpture monolithique Monster est conçue comme un collage/assemblage incarnant le télescopage du sens et du medium. Du haut de ses 3 mètres, il est à la fois un monument, un totem, un objet de consommation non-fonctionnel et un portique pour la 4ème dimension, une relique venant d’un futur diabolique.
Les dessins présents dans «Monster» fonctionnent comme des liens formels et conceptuels entre les différentes pièces. Le triptyque grand format Stations II réalisé au crayon représente un point d’ancrage pour comprendre ses investigations incessantes sur les résidus de la consommation excessive et du déclin. Dans la même veine, la série de dessins au crayon Stains étudient les défauts, les chutes récupérant les fragments d’autres dessins en les réanimant comme des compositions formelles.
La série de fusains «River» prend sa genèse dans un ensemble de dessins réalisés dans un strip-club. Ces performances publiques nocturnes se sont mutées vers un engagement pour le dessin intime et méditatif au sein du studio.
Invasion, une grande tapisserie faisant partie d’une série en cours appelée «Drift» reconfigure l’œuvre bidimensionnelle de l’artiste en faisant le lien entre ses dessins, peintures et production digitales. Ce qui anime le processus de «Drift» sont la thérapie, le collage d’archives, le paysage et l’histoire de l’Afrique du Sud. Ils défient la hiérarchie assumée de la tradition de l’artisanat et de la peinture.