Communiqué de presse
Monique Prieto
Monique Prieto
Artiste plurielle, Monique Prieto explique souvent sa démarche par son attitude envers la couleur :« Je voulais ramener le noir dans mes peintures, une couleur que j’avais complètement laissée de côté pendant les dix dernières années. Ensuite j’ai voulu parler du moment présent, faire apparaître dans mon travail ma conscience aiguë de notre époque. Parmi les nombreuses façons de penser et d’agir politiquement, mon choix a été de partager l’intime à travers le langage. Je savais que je voulais utiliser les mots, et que je voulais garder une dimension intime… mais cela sans devenir trop personnelle». C’est à ce moment précis que Monique Prieto tombe sur le journal de Samuel Pepys, fonctionnaire et écrivain anglais du dix-septième siècle, connu principalement pour son journal intime, dans lequel il relate aussi bien les événements historiques majeurs de son époque, que ses pensées et les évènements de sa vie quotidienne. « C’est si banal et si personnel à la fois que cela transcende les siècles, les genres et l’origine sociale.»
Après avoir trouvé les mots justes, Monique Prieto trouva la juste manière de les représenter. Un jour, elle aperçoit sur un freeway de Los Angeles un graffiti qu’elle a du mal à déchiffrer et qui la marque profondément. Quelques jours plus tard elle retourne au même endroit, mais il n’y a plus rien. «J’avais vécu cette expérience de façon tellement intense, qu’en arrivant à la maison, j’ai commencé à dessiner des lettrages.» explique l’artiste. Comme dans le graffiti, les mots figurant dans ses travaux sont difficiles à déchiffrer. La typographie maladroite et épaisse ainsi que la mise en page désordonnée contribuent à rendre le texte illisible. Les extraits du journal peuvent alors êtres perçus à la fois comme des formes abstraites et comme des phrases chargées de sens. En le contraignant dans sa perception et dans sa lecture, la peinture de Monique Prieto requiert la participation du spectateur.
En effet cette dernière aime entretenir l’ambiguïté et les effets de désorientation.
En associant les mots de Pepys au graffiti, elle crée un décalage entre deux langages issus de contextes différents: la bourgeoisie du dix-septième siècle et la culture urbaine actuelle. Tandis que la nature fragmentaire des citations, isolées de leur contexte, brouille le processus d’interprétation, le traitement des fonds et du texte en rend la lecture difficile. Elle prolonge cette démarche en l’appliquant également à sa façon de travailler en s’imposant des contraintes formelles. En effet, dans un souci de se renouveler constamment, elle s’est contraint d’utiliser des couleurs, une touche et une qualité de peinture différente. Ainsi dans les peintures présentées dans l’exposition, les fonds ont évolué et gagné en importance. Et même si ils représentent pour elle un espace de libre interprétation des pensées que lui évoquent les extraits du journal, elle s’attache à représenter un contenu qui, comme le texte, reste fragmentaire et insaisissable. Cet aspect énigmatique, tout autant dans le fond que dans la forme, situe le travail à mi-chemin entre l’abstraction et la représentation. Quelque chose est figuré, mais n’apparaît pas clairement. Le langage devient la forme ultime de l’abstraction.