En peinture, tout a été fait, tout a été dit. Alors comment attiser l’étonnement ? L’exposition monographique de l’artiste Monika Michalko, « Veylon », à la Galerie Maïa Muller, fait le choix de la singularité. Mais là encore : la singularité est une gageure. Alors ? Artiste tchèque vivant et travaillant à Berlin, Monika Michalko a également étudié l’art à Hambourg. De quoi s’affranchir de quelques freins vis-à -vis des supposées fonctions de l’art. Colorée, vive, dynamique, proliférante, la peinture de Monika Michalko captive et séduit les regards. Ses expositions, dont « Veylon », forment des espaces immersifs singuliers, constellés de toiles comme autant d’étoiles poétiques. Une approche sensible que ne rejette pas Monika Michalko. En témoignent certains titres de ses Å“uvres : The Radiant Child (2017), I Thought I Am Your Friend (2017), ou encore Deine Augen [Tes yeux], devenant « tausend Sterne » [mille étoiles] à la faveur d’un jeu de lettres.
Exposition « Veylon » de Monika Michalko : un espace pictural coloré et immersif
Peinture combinant figuration, formes organiques, figures géométriques, abstraction, typographie, jeux de matières, accrochage verticaux et horizontaux (au sol)… La singularité de Monika Michalko miroite comme une surface océanique, tour à tour houleuse ou d’huile. Accents constructivistes où apparaissent des échos d’agitprop sentimentale… Rémanences de Paul Klee à Julian Schnabel… Les territoires picturaux de Monika Michalko n’ont pourtant rien de conquis. Si la limpidité, voire la naïveté, semblent être de mise, demeure néanmoins une part d’hermétique. À l’instar du titre de l’exposition « Veylon ». S’agit-il d’un nom propre ? D’un souvenir personnel ? D’un jeu de lettres ? Les œuvres de Monika Michalko ne s’alourdissent pas de didactisme : elles sont. Elles rayonnent de couleurs, de formes, d’assemblages. Au creux d’une postmodernité qui ne feint ni l’amnésie, ni l’absence de références ou d’influences. Mais à l’aune d’une intimité renforcée par l’apparente désinscription de tout courant esthétique ou sociopolitique.
Monika Michalko : une peinture expressive, pour une expérience vive et poétique
Créant son propre contexte, l’exposition « Veylon » de Monika Michalko forme un chÅ“ur. Composé de paysages oniriques où se rencontrent des reflets de peinture moderne occidentale — Paul Klee, Kasimir Malevitch, Joan Miro… De voyages en Égypte, Inde, Turquie… De peinture contemporaine allemande — Julian Schnabel, Gert & Uwe Tobias… Peinture ou pastel à l’huile sur panneaux, scénographies incluant drapées et accrochages de tissus colorés : le travail de Monika Michalko déborde l’espace pictural pour sculpter l’expérience du public. Créant ainsi un enchevêtrement de signaux prompt à déboussoler les spectateurs, sans pour autant les noyer. Lignes, cercles, triangles, formes de gouttes, lettres distincts, phrases concises, tel « The Radiant Child »… Chacun cherchera à reconstituer du récit à partir des fragments généreusement disposés. Et tout le monde y réussira. Expérience de navigation en espace émotionnel singulier, « Veylon » offre un territoire immersif, coloré et ludique, radicalement ouvert à tous.