Duo créé en 2011 et aujourd’hui repris au Théâtre du Rond-Point, Monchichi réunit Honji Wang et Sébastien Ramirez. Tous deux forment un « couple multiculturel » qui s’est formé au travers de la pratique de la breakdance. Français de descendance espagnole, Sébastien Ramirez est adepte chevronné de ce type de danse alors que Honji Wang, allemande d’origine coréenne, a été formée à la danse classique. Le titre même de la pièce rappelle non sans humour, peut-être, la biographie de Honji Wang. Car Monchichi n’est autre que le surnom donné par ses voisins immédiats à la jeune fille immigrée qui s’efforce de s’adapter aux règles de vie locales.
Monchichi : un récit de vie
Monchichi est d’abord le récit tout autant de la rencontre « délicate » de Honji Wang et Sébastien Ramirez que de leurs parcours personnels ; parcours d’individus devant se frayer un chemin dans des sociétés qui leur sont étrangères. La pièce dévoile ainsi des épisodes de leurs existences respectives au travers de leur vie commune. Questions de société ou de psychologie individuelle servent ainsi de support à Monchichi : doutes, malentendus, tentatives d’adaptation plus ou moins heureuses, sont ici livrées avec ironie.
Monchichi : le théâtre dansé
Ce récit, véritable portrait à deux voix, appelle une chorégraphie exprimant des sensibilités culturelles et des formations artistiques différentes. Loin de n’être qu’un simple mélange des genres, de hip-hop et de danse classique, la chorégraphie de Monchichi dépasse les différences en faisant appel à la tradition du Tanztheater, ce courant de la danse expressionniste apparu en Allemagne au cours des années 1920 où la danse se confond avec l’expression dramatique caractéristique du théâtre.
Monchichi développe ainsi un langage chorégraphique soulignant d’abord l’isolement des deux interprètes, l’enfermement dans des identités définies et le désir de s’en défaire. Aux mouvements déliés de Honji Wang s’opposent le staccato, les gestes mécaniques de Sébastien Wang jusqu’à leur rencontre finale faite d’un équilibre recherché entre la souplesse et la musicalité de l’héritage asiatique de Honji Wang et la prestance et l’élasticité de la danse de Sébastien Ramirez.