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Mona Hatoum

Critique et politique, l’œuvre de Mona Hatoum se constitue et se nourrit des formes les plus éphémères et des matériaux les plus complexes. Revenant sur le parcours de cette artiste britannique d’origine palestinienne, l’exposition est structurée non pas comme une rétrospective mais comme une «cartographie» où ses œuvres sont réunies par affinités thématiques.

Information

Présentation
Christine Van Assche (dir.)
Mona Hatoum

L’œuvre de Mona Hatoum traverse de manière originale et exemplaire les grands mouvements et médiums de l’art contemporain: la performance, la vidéo, le cinétisme, le minimalisme, l’art conceptuel et fait même un clin d’œil au surréalisme. La pluridisciplinarité nourrit toute son œuvre: aucun matériau, aucun médium, aucun domaine ne lui sont étrangers.

L’intensité de l’œuvre de Mona Hatoum tient à la perte de repères qu’elle suscite chez le spectateur. Elle le laisse se frayer un chemin dans cet univers instable, celui d’un monde mû par ses contradictions, des histoires aux temporalités diverses, caractérisé par ses tensions. Mona Hatoum place souvent le spectateur au cœur même de l’œuvre et l’engage dans un dialogue, le mettant parfois même à l’épreuve.

Née en 1952 à Beyrouth de parents d’origine palestinienne, Mona Hatoum quitte le pays pour un court séjour à Londres, en 1975, au moment où la guerre éclate; ne pouvant rentrer elle y entreprend dès lors des études d’art. De nationalité britannique, l’artiste est moins liée à la scène artistique libanaise qu’à une scène d’artistes internationaux ayant vécu cette situation d’exil, de déracinement, d’éloignement de leur contexte familial ou de confrontation à une situation géopolitique hostile.

Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition «Mona Hatoum» présentée au Centre Pompidou du 24 juin au 28 septembre 2015.

«Ainsi, alors qu’elle vivait à Londres au tournant des années 1970-1980, Mona Hatoum a-t-elle réalisé des performances et des vidéos ayant pour thème le corps comme lieu d’exploration de la fragilité et de la force de la condition humaine soumise à la contrainte, de même que plusieurs petites œuvres de recherche sur un thème similaire. L’artiste a mélangé des humeurs corporelles à de la pâte à papier afin de fabriquer un papier incorporant également les produits de son corps: cheveux et poils, ongles et peau. Présenté sous la forme de rectangles et de carrés sommaires, ce papier ressemble, à première vue, à n’importe quel papier fait main. Il s’agit d’œuvres discrètes. La prise de conscience que ces morceaux de papier contiennent des déchets corporels suscite en nous une surprise différée et une réflexion sur la personne qui les a produits et sur le processus mis en œuvre. L’objet abstrait et indifférent est perçu avec beaucoup plus de force, en tant que production, au sens littéral du terme, d’un individu et de son travail.

C’est selon d’autres processus très direct que Mona Hatoum s’est servie de son corps pour créer certaines œuvres. Dans Untitled (1980), elle s’est badigeonné les bras et les jambes de graphite, avant d’imprimer son corps sur deux morceaux de plastique dont une face était adhésive, qu’elle a ensuite collés sur une feuille de papier, avec une rangée de cheveux soigneusement scotchés et quelques fragments de peau morte provenant de ses épaules brûlées par le soleil. Par définition, une empreinte est une représentation indicielle du corps, mais c’est aussi l’incarnation subtile de l’absence de l’artiste. Ce qui ne semble être que des déchets détachés ou tombés du corps de l’artiste prend une résonance incroyable lorsqu’on y voit un étrange palimpseste corporel qui n’efface jamais la nature mortelle de l’humanité.» (Clarrie Wallis)

Sommaire

— Avant-propos, par Serge Lasvignes et Bernard Blistène
— Préface, par Chris Dercon
— Préface, par Leevi Haapala
— «Cartographie» d’une œuvre, par Christine Van Assche
— Entre spectateur et artiste: modes d’interaction, Guy Brett
— Désappartenances, par Patricia Falguières
— L’art du déplacement ou la logique des irréconciliables de Mona Hatoum, par Edward W. Said
— Carte paradoxale du mythe méditerranéen. Mona Hatoum, par Bertrand Westphal
— Matériaux et fabrication, par Clarrie Wallis
— Toucher l’autre: une histoire de surfaces corpo-électroniques, par Christine Ross
— Franchir les frontières: le postminimalisme politique de Mona Hatoum, par Marja Sakari
— Liste des œuvres exposées
— Biographie. Liste d’expositions personnelles et collectives
— Bibliographie

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