L’exposition « ORLAN en capitales » à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, rassemble plus de cent photographies, installations et films d’ORLAN, et offre ainsi un vaste panorama de l’œuvre multiforme de cette artiste pionnière.
« ORLAN en capitales » : une rétrospective à travers des œuvres capitales
Le titre de l’exposition « ORLAN en capitales » est à sens multiple. Il renvoie bien sûr à la façon dont l’artiste écrit son nom, avec chaque lettre en capitales, pour signifier son refus de s’inscrire dans des lignes établies, de rentrer dans le rang. Mais il évoque aussi l’intérêt suscité par son œuvre qui est aujourd’hui connue dans les plus grandes capitales du monde et de l’art. Enfin, il souligne la sélection effectuée pour cette exposition organisée dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris et qui privilégie des œuvres capitales permettant une parfaite compréhension de la démarche d’ORLAN.
L’exposition présente des œuvres restaurées et reconstituées qui n’avaieent quasiment jamais été présentées auparavant. Ainsi les pièces intitulées Têtes à claques, jeu de massacre et Déshabillage, habillage, réhabillage libres et changeants, datant de 1977, et Panoplie de la fille bonne à marier de 1981 sont des assemblages de photographies détourées collées sur bois et de divers objets formant des ensembles à taille humaine qui étaient utilisés dans des installations souvent interactives.
Le parcours se divise en trois parties qui suivent le cheminement d’ORLAN de façon à la fois thématique et chronologique. On découvre comment, dès les années 1960, la plasticienne a opéré un travail sur la figuration, en mettant « de la figure sur son visage », c’est à dire de la représentation. Puis comment, à travers ses œuvres plastiques et performatives, elle a constamment remis en question les conventions, le déterminisme social, les pressions religieuses ou politiques et toute forme de domination.
L’œuvre d’ORLAN : les multiples façons de sortir du cadre
La première partie, intitulée « Sortir du cadre » montre comment ORLAN n’a eu de cesse de développer des moyens de se libérer de tout encadrement ou formatage. Le ton est donné dès 1965 avec la série de photographies intitulée Tentative de sortir du cadre où l’on voit l’artiste nue s’extraire de diverses manières d’un grand cadre doré pour tableau. Pour ORLAN, sortir du cadre, c’est notamment s’émanciper du conditionnement imposé aux femmes et affirmer leur réappropriation de leur corps comme l’expriment l’installation Panoplie de la femme bonne à marier et la série photographique Strip-tease occasionnel dans les draps du trousseau.
La deuxième partie est consacrée à l’utilisation par ORLAN de la chirurgie pour sculpter son corps et montre comment elle a fait de la chirurgie esthétique un médium artistique. En témoignent les les opérations qu’elle a successivement subies, traitées comme des installations, de véritables œuvres artistiques et intitulées Couture et suture, Opération réussie , Opération-Opéra ou encore Omniprésence. Enfin, la troisième partie, « Self-hybridation », s’intéresse à l’usage des nouvelles technologies par ORLAN qui, à partir de la fin des années 1990, se tourne vers et le numérique pour réaliser des autoportraits mutants, sortes d’avatars digitaux d’elle-même, comme la série Défiguration / Refiguration puis Self-hybridations africaines. La vidéo La Liberté en écorchée réalisée en 2013, un autoportrait 3D qui la montre le corps plus qu’à nu, en écorché de la médecine anatomique de la Renaissance, témoigne de la démarche la plus récente d’ORLAN pour qui les techniques d’imagerie 3D, de réalité virtuelle et augmentée, sont de nouveaux moyens de mettre en image et de construire ou reconstruire son corps et son identité.