L’exposition « Dance With Me Video » à la Maison européenne de la photographie, organisée dans le cadre du mois de la photo du grand Paris, réunit trois artistes vidéo qui filment la danse : Ali Kazma, Shaun Gladwell et Elena Kovylina.
Trois artistes vidéo filment le corps dansant
L’exposition présente des photographies, des vidéos et des installations vidéo qui ont pour fil rouge le corps, ses modifications et donc son mouvement. Ainsi, plus que la danse, c’est le mouvement dansant qui est au cœur du parcours. Ces artistes captent le mouvement du corps, qu’il s’effectue par la danse, par les chorégraphies de nos gestes quotidiens ou par les scènes que nous jouons continuellement.
La première partie de l’exposition, dévoile des œuvres de Shaun Gladwell : le triptyque vidéo Skateboarders vs Minimalism réalisé en 2015 et quelques tirages photographiques. Des images fixes et en mouvement qui observe le déploiement du corps dans l’espace, l’équilibre, la plasticité du mouvement et la poésie de l’instant. Inspiré par les univers de la danse de rue, du skateboard, du surf et des sports extrêmes, Shaun Gladwell a réalisé son triptyque vidéo avec trois skateboarders professionels, Rodney Mullen, Hillary Thompson et Jesus Esteban. Les images montées au ralenti les montrent évoluant dans les salles du Torrance Art Museum de Los Angeles, au-dessus d’œuvres minimalistes de Carl Andre, Donald Judd, Tony Smith et Ellsworth Kelly. Accompagnées par une musique de Philip Glass, leurs figures prennent l’allure de fascinantes chorégraphies.
Étude de l’activité physique chez Ali Kazma et métaphore politique chez Elena Kovylina
La pratique d’Ali Kazma est centrée sur l’activité humaine : depuis le début des années 2000, l’artiste turc explore celle-ci à travers la création d’un inventaire poétique du monde du travail industriel et physique. Les vidéos Dance Company et Dancer sont consacrées à la danse : la première étudie la relation entre l’élève et le professeur dans cette discipline et l’effort de concentration et de répétition que celle-ci requiert, et la seconde suit la danseuse islandaise Erna Omarsdottir au cours des répétitions et des performances de diverses chorégraphies.
Chez Elena Kovylina, la danse s’inscrit dans une pratique consacrée à la performance engagée. Ainsi, dans la vidéo Dying Swans (La Mort des cygnes), le ballet de Tchaïkovski Le Lac des cygnes est détourné pour devenir une métaphore de la situation actuelle de la Russie : la chorégraphie réunit un sniper et une ballerine qui parvient à s’échapper à ses tirs, tandis qu’Elena Kovylina figurant un cygne-artiste-journaliste, est, elle, dans le viseur du tireur. Une façon d’exprimer le caractère intouchable du patrimoine culturel russe, en opposition au sort subi par certains journalistes.