L’exposition « Cent soleils » à la galerie Camera Obscura dévoile, dans le cadre du Mois de la photo à Paris, des daguerréotypes du photographe japonais Takashi Arai consacrés aux tragédies liées à l’énergie nucléaire.
Takashi Arai se réapproprie la technique du daguerréotype
Présentés pour la première fois à Paris, les daguerréotypes de Takashi Arai témoignent de la réactualisation de ce médium particulier par le photographe. C’est en étudiant l’histoire de la photographie, en remontant jusqu’à ses débuts, que Takashi Arai a découvert le daguerréotype, ce procédé photographique inventé par Louis Daguerre en 1835. Cette technique, qui permet de créer une image sans négatif sur une surface d’argent directement exposée à la lumière, fut l’une des premières à fixer de façon permanente une image.
La pratique de Takashi Arai constitue une réappropriation de la technique complexe du daguerréotype, qu’il a appris à maîtriser après de nombreux essais et erreurs. L’usage du daguerréotype n’est pas chez Takashi Arai la perpétuation nostalgique d’une méthode traditionnelle mais au contraire un moyen singulier de fixer et de transmettre une mémoire et le rapport qu’il entretient avec ses sujets.
« Cent soleils » : les images des tragédies nucléaires
Takashi Arai a en particulier trouvé dans le daguerréotype un outil plus fiable et plus juste que la photographie moderne pour mener sa recherche sur la question du nucléaire. Par sa nature d’image née de l’impact direct de la lumière, le daguerréotype est chargé d’une aura mystérieuse, en même temps que sa très grande précision lui permet de réellement fixer la trace de ce qui a été vu.
Les images de Takashi Arai traduisent parfaitement le drame qui entoure l’énergie nucléaire. Prises sur les lieux et dans des monuments qui ont été témoins de la bombe nucléaire ou d’accidents de centrales, comme les régions de Nagasaki et de Fukushima, elles semblent capter ce que les murs ont vu.
Certains daguerréotypes fixent les ombres de victimes tracées sur les murs par le souffle, d’autres comme Lys. Région de Fukushima ou encore Arbres fruitiers écorcés pour décontamination, Tsukidate, Fukushima témoignent de l’existence invisible mais menaçante de la contamination. On découvre également l’imposante œuvre intitulée Centrale nucléaire de Fukushima, une large vue panoramique mais morcelée de la centrale composée de deux cent quatre-vingt-huit daguerréotypes.