Henri Cartier-Bresson, Izis, Willy Ronis, Jean Dieuzaide, Christian Boltanski, Alain Fleischer, Patrick Tosani, Bernard Plossu, Raymond Depardon
Mois de la Photo. La Photographie en France (1950-2000)
En 1950 la paysannerie représente encore en France le tiers de la population active, la voiture populaire est la deux-chevaux et la publicité se nomme réclame. La photographie s’impose massivement dans les pages des magazines, timidement sur les murs des villes, largement dans la vie quotidienne comme un art populaire, «moyen» comme l’écrit Pierre Bourdieu. Cinquante ans plus tard, le paysage est bien différent, la ville a définitivement envahi les campagnes, le mode de vie urbain s’est généralisé et uniformisé.
La photographie est toujours présente mais l’apogée semble passée, les magazines disparaissent les uns après les autres, la publicité s’anime sur les écrans et la photographie est surtout regardée comme une pratique artistique. Elle est partout et donc nulle part, aussi qu’en reste-t-il? Quelles images ont marqué ce demi-siècle écoulé?
C’est ce parcours que propose l’exposition à travers les multiples visages de la photographie: photographie de presse, de mode, de publicité, de décoration telle qu’on la trouve dans les magazines ou sur les quais de métro, photographie à prétention artistique qui règne dans les pages des livres ou en grand format sur les cimaises des galeries ou des musées. Ces pratiques diverses aux supports variables dessinent une histoire rarement contée, celle d’un media dans sa diversité et sa richesse, dans son historicité aussi.
Les noms célèbres abondent. Ceux de la grande vague humaniste: Henri Cartier-Bresson, Izis, Ronis, Dieuzaide; ceux de la radicalité artistique: Boltanski, Fleischer, Tosani; ceux de la photographie narrative et personnelle: Plossu, Roche, Klein ou Depardon, mais aussi des noms beaucoup moins souvent retenus comme ceux de Hamilton, Jonvelle, Goude ou Larivière.
Les commissaires, Gilles Mora et Alain Sayag, ne récusent pas une certaine subjectivité — comment s’en affranchir quand on a participé plus ou moins activement à cette histoire — mais leur souhait est que cette manifestation ouvre le débat sur cette pratique hybride qu’est aujourd’hui celle de la photographie.