Sarah Moon, Bernard Plossu, Masao Yamamoto
Eloge de la miniature
Pour les photographes d’aujourd’hui, la miniature reste une forme d’autant plus intéressante qu’elle est minoritaire, face à une «photographie-tableau» qui abonde dans la création contemporaine.
Sarah Moon photographie essentiellement au polaroïd: son travail est donc, à la base, une miniature. Cependant, cet état de l’Å“uvre était jusqu’à présent resté confidentiel et cette exposition est l’occasion de découvrir un ensemble jamais montré de polaroïds originaux. Ces objets photographiques, par leur caractère unique et leur inscription dans l’instant même de la prise de vues, disent à la fois le désarroi devant le passage du temps, et la beauté de la mémoire.
Pour Bernard Plossu, la découverte de la miniature date du Jardin de poussière (éd. Marval, 1989), et de ses images réalisées dans les immenses espaces de l’ouest des États-Unis: par contraste, il a expérimenté la force que prenaient ces paysages en tirages de petit format.
Ce goût pour la très petite image l’a ensuite poussé à choisir de tirer exclusivement en miniatures des photos qui prennent ainsi leur expression juste, comme une musique jouée pianissimo, demandant le silence et l’attention.
Masao Yamamoto a longtemps pratiqué exclusivement la miniature. Dans les années 80, est née la série Box of Ku (Une boîte de vide). Les mille cinq cent photographies qui composent ce cycle, non titrées et non datées, sont tirées par l’artiste sur des papiers très divers, mais toujours dans un petit format, proche de celui d’une carte postale. Ces images semblent sans âge, pareilles à des photographies anonymes trouvées dans une brocante ou un grenier: images cornées, abîmées par le temps et les manipulations. La miniature est le format naturel de ces «images-souvenirs», qui évoquent les fragments dispersés d’une mémoire: elles suscitent des résonances profondes et personnelles en chacun de nous.