Oliver Beer
Module à la 12e Biennale de Lyon: Oliver Beer
Les moyens d’existence de l’humain, leurs limites ainsi que leur impact, font partie des terrains d’investigation d’Oliver Beer. Ayant tout d’abord étudié à l’Academy of Contemporary Music à Londres, puis à la Ruskin School of Fine Art de l’Université d’Oxford, l’artiste développe un travail où l’homme et sa fragilité sont explorés, oscillant entre machine de pouvoir et aveu d’impuissance, et dévoilant en permanence ambivalences et paradoxes de nos conditions d’existence.
Le corps et la voix sont les outils privilégiés qui permettent à Oliver Beer de souligner et sublimer ces contradictions. Ils apparaissent tour à tour comme des indicateurs de présence, des instruments de libération et d’expression, de contrôle du monde, ou tels des enveloppes asservissantes, dessinant les limites de l’homme, fatalement emprisonné dans les mécanismes de la matière. Examinant ces mouvements aléatoires, Oliver Beer révèle la fragilité de l’humain, les oscillations de son harmonie et de sa chorégraphie avec le vivant.
Pour l’exposition «Des Présents inachevés», Oliver Beer présente un corpus de quatre œuvres allant de 2008 à 2013 et reflétant les ambivalences de cette recherche. L’œuvre Mum’s Continuous Note (2012) dévoile un moment d’intimité avec la mère de l’artiste. éloge de la beauté du son en 3 minutes, sa mère chante une note continue sans reprendre son souffle.
Avec des sous-titres, la chanteuse explique son apparente virtuosité, sa méthode de respiration circulaire, et le pouvoir émotif des harmonies qu’elle crée à l’aide d’une guitare bleue miniature. L’œuvre Oma’s Kitchen Floor (2008), forme de peinture abstraite, est en réalité le lino que la grand-mère de l’artiste a installé dans sa cuisine dans les années 1960, et que ses pieds ont foulé pendant plus de quatre décennies. Des empreintes sont apparues devant le four, le lavabo, la porte d’entrée, devant le frigidaire, là où elle balançait ses pieds sous la table. Tel un dessin crée sur plus de quarante ans, ces traces révèlent les mouvements de la moitié d’une vie.
On a Road to Nowhere (2013) est une œuvre conduisant l’œil du spectateur vers une perspective artificielle, la sculpture étant composée de deux segments de rails qui, plutôt que d’être parallèles, se rapprochent progressivement alors qu’ils s’éloignent du spectateur. Leur surface supérieure, sur laquelle les trains touchent normalement le métal du rail, est polie comme un miroir. Le titre de l’œuvre fait référence à une chanson des Talking Heads, écrite l’année de la naissance de l’artiste.
Enfin, la performance Composition for tuning an architectural space (2013) tirée de l’ensemble The Resonance Project (2007-2013) rassemble deux choristes qui pendant deux jours consécutifs dialogueront avec l’espace au moyen de leur voix et de notes précises, par un procédé de fréquence naturelle provoquant la résonance du lieu. Phénomène épiphanique et expérience du sublime, cette performance révèle une conversation des corps avec l’architecture.