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Modernités chinoises

Panorama de l’art contemporain chinois : 72 artistes pour une dizaine de thèmes. Et ce constat : les Chinois se sont très bien imprégnés de l’histoire de l’art occidentale ! Ce livre peut en tout cas aider à faire le tri dans la multitude d’artistes chinois à l’honneur pour cette année de la Chine.

— Éditeur : Skira, Genève/Paris
— Diffuseur : Le Seuil, Paris
— Année : 2003
— Format : 24 x 28 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 191
— Langue : français
— ISBN : 88-8491-506-6
— Prix : 40 €

Modernités chinoises
par Jean-Marc Decrop (extrait, p. 187)

Nous avons voulu Christine Buci-Glucksmann et moi-même proposer dans ce livre un parcours thématique allant du local au global, en prenant comme point de départ ce rêve mythique chinois, une certaine manière de voir chinoise pour s’élargir à des préoccupations plus générales de l’urbain, de l’environnement, du virtuel. En effet, si le contexte dans lequel vivent ces artistes détermine certainement une bonne partie de leur expression artistique — telles les problématiques spécifiques à la situation chinoise du remplacement idéologique, de l’émergence rapide d’une société de consommation, des mutations profondes du tissu social ou d’une recherche identitaire — on y trouve également des thèmes liés à une « géoculture » plus globale : le contexte post-guerre froide, la commercialisation généralisée, la domination de l’image, l’émergence du virtuel, les atteintes à l’environnement et l’urbanisation.

On observe en outre un dialogue local/global dans lequel les artistes irriguent ce terreau commun aux humains par une « cross-fertilisation » réciproque. La « géoculture » planétaire, si elle s’impose partout, se nourrit des particularismes locaux. Pour caricaturer et dans le domaine matériel, après les apports américains du blue-jeans, du coca-cola et de Hollywood, on a observé une absorption d’apports asiatiques en provenance du Japon avec des éléments comme le sushi, le karaoke, le futon ou l’art floral ikebana, puis chinois après les apports passés du thé, de la porcelaine et de la soie ; ceux plus contemporains du mahjong, du Kung-fu (Tigres et Dragons mais aussi Matrix), des arts martiaux et de leur éthique, de l’acupuncture, du Fung shui, bientôt des cailloux et des rocher de lettrés. Dans le domaine de l’art contemporain, il y a certainement un apport de formes et de concepts de la culture chinoise comme la calligraphie (ou plus généralement un certain langage visuel de signes), la géomancie et les croyances (par opposition à une rationalité occidentale), la spiritualité chinoise, le rapport oriental au corps.

Le propos de ce livre est de dresser un panorama, un éventail de ces pratiques artistiques chinoises modernes, de susciter des rencontres et d’éveiller une curiosité envers les créations futures, à venir, de ces artistes en pleine évolution.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Seuil)

Les auteurs
Jean-Marc Decrop est expert en art conbtemporain chinois auprès de la chambre syndicale d’expert Cnes. Il a réalisé en tant que commissaire de nombreuses expositions dans cette spécialité. Il vit à Hong-Kong depuis 1994.
Christine Buci-Glucksmann est philosophe, professeur des unversités en esthétique et art contemporain, auteur de nombreux livres, articles et catalogues, en France et à l’étranger, dont, récemment, Histoire florale de la peinture. Hommage à Steve Dawson (Galilée, 2002) et La Folie du voir. Une esthétique du virtuel (Galilée, 2002).

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