Mobilier d’artiste. Sculptures utiles

Bruno Romeda
Mobilier d’artiste – Sculptures utiles

Tout commence par un assemblage de brindilles, baguettes et bouts de bois, tout en testant la tension et l’équilibre de la forme.
Telles des lignes fines tracées à la main, ses sculptures sont coulées dans le bronze dans son atelier italien de Brescia. Certaines d’entre elles lui inspirent des pièces de mobilier, telles des « sculptures utiles », agrémentées d’un élément tel qu’un plateau ou un piètement, pour devenir chaise, tabouret curule, console, lampadaire…

Bruno Romeda évoque l’influence de César, avec ses pièces de métal soudé, ainsi que celle de la sculpture minimale américaine, de Carl André à Donald Judd, qu’il découvre, à New York, dans les années 70.

Les figures minimales de ses sculptures (cercle, triangle, carré, perspectives…) se retrouvent ainsi dans les lignes épurées de ses meubles en bronze.

Le frémissement du bronze par Elizabeth Vedrenne
Le mobilier harmonieux et élégant de Bruno Romeda prend sa source dans les trouvailles que l’artiste a déjà mis au point au fil des ans dans son travail de sculpteur.

Les mêmes figures minimales (cercle, triangle, carré…) traitées en bronze se retrouvent dans les piètements, les soutènements, les tiges sur lesquels reposent ou s’encastrent ses sièges, chaises et sellettes, ou ses tables. Les meubles de Romeda ont la perfection des formes d’une nature ayant vécue, comme fossilisée, d’un bronze rappelant la lignite, la lave séchée, la sève vert sombre, le basalte brut. C’est ce qui lui donne cet aspect intemporel.

Ses meubles sont les variations de ses sculptures. En les regardant, on retourne inexorablement à son travail dans l’atelier, à son cheminement lorsqu’il ramassait des bouts de bois mis au rebut qu’il retaillait puis assemblait et liait, les mettant bout à bout dans le but précis de leur faire prendre la courbe ou l’angle qu’il souhaitait.

La sculpture de Romeda acquiert ainsi sa fonction. Sa construction se change en base, en socle, en support d’une assise de siège comme d’un plateau de table. Tout en conservant sa légèreté, sa pureté et son hiératisme, la ligne frêle et sombre de son dessin qui se métamorphose en une architecture de mobilier, en contrefort, en une structure faite d’articulations où les segments s’enchevêtrent dans un jeu du concave et du convexe, du plein et du vide. Une géométrie, cette fois-ci structurelle et fonctionnelle, qui se mue en une sorte d’armature élégante que l’on peut admirer au travers des dalles de verre des nombreux plateaux de tables.

La perfection technique, l’harmonie des proportions et le travail du bronze résument l’œuvre de Bruno Romeda.