L’exposition « Désordres » à la galerie Art : Concept dévoile les peintures de Miryam Haddad, jeune artiste d’origine syrienne, des représentations hautes en couleurs où le grotesque exprime autant l’impossibilité du bonheur que la fuite possible dans l’imaginaire.
Les désordres picturaux et humains de Miryam Haddad
Les peintures de Miryam Haddad empruntent à celles des siècles passés quelques unes de leurs caractéristiques. Leurs très grands formats et leur occasionnelle composition en triptyque évoquent la peinture académique et sacrée comme les panneaux de retables. Leur style foisonnant, vivement coloré et fougueux rappelle quant à lui le baroque tardif et le rococo. Leurs sujets font écho au genre de la fête galante dans lequel, dans un cadre champêtre, de riches aristocrates, de belles dames en robe de bal, des danseurs et des bergers costumés s’ébattent, dans des scènes ou priment le plaisir et le divertissement
Les analogies avec des courants picturaux anciens se heurtent cependant à la facture singulière des compositions de Miryam Haddad qui ne respectent aucune hiérarchie des genres ni les impératifs de proportions ou les règles de perspectives. Les personnages que la peintre met en scène sont caricaturaux. La banalité des activités auxquelles ils se livrent est rendue ridicule et absurde par la grandeur des formats adoptés pour les représenter.
Les peintures de Miryam Haddad : de joyeux désordres où s’exprime la puissance de l’imagination
On assiste à une sorte de parodie du bonheur qui trahit son impossibilité : dans le tableau intitulé L’intelligence, un homme pêche dans une fontaine de patio oriental ; dans celui intitulé Fête de la mort, un joueur de trompette, aidé d’un coq, tente vainement de ranimer un défunt. Dans un style tourmenté qui rappelle ceux de James Ensor, Chaïm Soutine et Marwan Kassab Bachi, la figure humaine est traitée par de grossiers coups de pinceaux qui la rendent quasi abstraite.
L’optimisme n’est cependant pas absent des peintures de Miryam Haddad : les festivités auxquelles se livrent ses personnages génèrent de joyeux désordres mêlant trivialité et fantastique, naïveté et mélancolie, à travers lesquels se lit la puissance positive de l’imagination. Face à la réalité trop banale, laide ou cruelle que les personnages ne font qu’exacerber en tentant de l’oublier, demeure la possibilité d’une fuite hors du réel.