Saburo Teshigawara
Mirror and Music
Le Tokyoïte Saburo Teshigawara a déjà étonné Chaillot par ses propositions d’une rare beauté plastique alliées à une démarche chorégraphique constante. De Glass Tooth et son tapis de verre brisé à Miroku, Teshigawara offre une autre «compréhension du monde» à travers ses créations.
De sa formation à la danse classique et aux arts plastiques, le danseur et chorégraphe du groupe Karas garde une approche globale de la scène.
Pour ce nouvel opus, Mirror and Music, conçu pour neuf danseurs, Saburo Teshigawara a créé la scénographie, les lumières et les costumes en plus de la chorégraphie. «J’essaie d’exprimer quelque chose d’invisible. Ce quelque chose n’a pas de forme spécifique, c’est plutôt une forme qui s’efface, qui est constamment en train d’apparaître et de disparaître. Je me sens proche de ce qui est en train de disparaître, plutôt que de ce qui essaie de se stabiliser» résume Saburo Teshigawara. C’est ainsi que la danse, dans une gestuelle au plus près des corps, va surgir de la pénombre dans un éclairage qui fait la part belle aux apparitions… et aux disparitions. Jouant de la virtuosité du mouvement comme de sa relative lenteur d’exécution, le Japonais distille un trouble diffus accentué par la musique qu’il a lui-même compilée avec Izumi Nakano. Au final, les interprètes semblent traverser le miroir, portés par cet environnement musical délicat.
Philippe Noisette