Miroslav Tichy
Miroslav Tichy
En ce début de printemps les photos de femmes de Miroslav Tichy annoncent la non-couleur ; fumées, estompées comme un pastel gris, elles ont une charge érotique bien présente. Ces images nées d’appareils bricolés, inventés, sont un petit miracle de spontanéité, de douceur et de «prises sur le vif».
Né en 1926 en Moravie l’artiste tchèque Miroslav Tichy a fait des études d’art à Prague et commencé par une carrière de peintre. Le Printemps de Prague et la prise du pouvoir des communistes en 48 l’ont poussé dans ses propres retranchements, rebelle, il ne se pliera à aucun rigorisme socialiste. Son tempérament indépendant à l’extrême le conduit à une marginalité sans concession.
Initié à la photographie dans les années 50, il se fabrique des appareils de photos de toutes pièces ainsi que son matériel de tirage et ses modèles féminins sont pratiquement tous originaires de son village de Kyjov.
Obsessionnel, il réalise des clichés de celles-ci à la piscine, dans la rue. Clichés volés peut-être mais la lumière sur le galbe d’une jambe, un chignon, la courbe d’un sein ou d’une fesse leur rend hommage. C’est l’homme qui aimait les femmes de Truffaut.
Techniquement parlant les photos peuvent être floues, rayées ou développées dans un bain indéfini, mais cela n’entame en rien leur poésie. La constance de sa démarche le place dans le monde de l’art contemporain. Preuve en est son exposition à Beaubourg de Juin à Septembre 2008, celle à la Kunsthaus de Zurich et le «Prix découverte» aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles.
critique
Miroslav Tichy