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Miriam Cahn

Les portraits fantomatiques de Miriam Cahn ont l’étrangeté du Cri de Munch, les couleurs spectrales des toiles de Sonia Delaunay. Le dessin semble enfantin, les visages symbolisés par quelques traits, les corps sans relief ; ces personnages esseulés portent la gravité de leur sort. Mis à nu, exposés, ils se fondent dans les couleurs bigarrées de la toile et en émergent tout à la fois. Un surprenant contraste entre l’étrangeté de ces formes humaines et ces paysages de couleurs abstraits.

Mais dans cette entière nudité, il y a la pudeur intime que crée cette série de portraits en pied. Une peinture intimiste et subjective où l’on ressent l’acte même de peindre comme une performance de l’artiste qui se donne à chaque toile, en se dévoilant à travers ces personnages anonymes qui deviennent tour à tour icône de la candeur, de la souffrance ou de l’injustice.

Une vue de l’intérieur que favorise la présentation des œuvres, dense, les grands formats côtoient les classiques feuilles A4, et le second espace d’exposition est accessible grâce à un passage ténu entre les deux salles, petit interstice intimiste qui nous laisse entrer au cœur de cette galerie de portraits.

Miriam Cahn expose ici également des dessins, en perspective, un carnet de croquis, des photographies. Un mélange intemporel qui vient montrer l’hétérogénéité de son art tout en en démontrant la cohérence.
 
Ces visages parfois inquiets, parfois naïfs, ces corps à peine esquissés semblent être happés par ces fonds abstraits et colorés. La toile d’ouverture grand format tend vers l’abstraction totale, la figure humaine a disparu, ne laissant place qu’à la forme et à la couleur qui n’est pas sans rappeler les théories de l’abstraction de Wassily Kandinski.
Mais ici, l’art se fait plus sensuel et corporel, il y a dans ces portraits évanescents bien plus d’émotion et de subjectivité que de spiritualité. Miriam Cahn emprunte également aux formes du constructivisme en y ajoutant des notions d’inachevé et d’acte pictural, affirmant ainsi la peinture comme un geste, une performance.

Miriam Cahn
— o.t., 16.10.07. Huile sur toile. 125 x 140 cm
— Wegschleichen, 22.5.05. Huile sur toile. 87 x 130 cm
— Denkende, 11.2.97. Huile sur toile. 20 x 25 cm
— Zensur, 2008. Huile sur toile. 72 x 73 cm

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