L’exposition « La sommation des images » au Fonds régional d’art contemporain Auvergne, à Clermont-Ferrand, dévoile des peintures de Mireille Blanc qui, à travers une figuration trouble, explorent la singularité de l’art pictural dans l’acte de reproduction des images.
La peinture de Mireille Blanc, une entreprise de sommation des images
Le titre de l’exposition, « La sommation des images », décrit la démarche de Mireille Blanc qui s’apparente à une telle opération. L’ordre impérieux, prononcé comme un ultimatum, signification première du terme « sommation » s’applique en effet ici aux images, à qui il semble être ordonné de s’effacer au profit de la peinture. La pratique picturale de Mireille Blanc est en effet intimement nourrie par une réflexion sur la particularité de ce médium dans l’entreprise de reproduction des images.
Le tableau intitulé Composition, réalisé à l’huile sur toile, est fondé sur une image-source, la photographie d’une poupée cassée, abandonnée dans un carton, et découverte au hasard d’une rue. Cette photographie a été imprimée en sépia, dans une première étape de mise à distance du sujet, avant de subir des taches d’eau, conséquences d’une fuite dans l’atelier de l’artiste. En reproduisant en peinture cette photographie, Mireille Blanc a conservé ces tâches qui ont réintroduit de la couleur dans l’image.
Mireille Blanc ouvre une réflexion sur la reproduction des images par la peinture
Les peintures Album 1 (Memnon) et Album 2 (Memphis) montrent un vieil album photo trouvé par l’artiste sur une brocante lors d’un voyage en Égypte et dans lequel manque la moitié des lichés. Mireille Blanc ne reproduit pas une des photographies mais au contraire un des espaces vides de l’album, le titre de chaque tableau reprenant les légendes des images manquantes.
Derrière l’apparente évidence des peintures de Mireille Blanc, due au caractère familier de leurs sujets, objets de décoration, jouets ou détails de saynètes, se dégage un trouble qui contredit leur nature figurative. L’incongruité de certains sujets, l’incertitude entre proximité et distance, les angles de vue et d’autres traitements singuliers de la représentation rendent souvent l’identification difficile. Ainsi s’affirme la visée de la peinture de Mireille Blanc : non pas de créer des images mais de faire des objets les vecteurs d’une réflexion sur la peinture.
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