Présentation
Michel Melot
Mirabilia. Essai sur l’Inventaire général du patrimoine culturel
Jadis, on comptait sept merveilles du monde. Aujourd’hui, l’Unesco en recense des milliers. D’où vient un tel essor? On s’est longtemps fait une idée assez claire des objets à conserver. Puis l’idéologie du tout-mémoire s’est ajoutée aux possibilités virtuelles d’une conservation intégrale pour faire du patrimoine ce que Pierre Nora a appelé «un problème global de société et de civilisation».
L’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, créé à l’initiative d’André Malraux et d’André Chastel en 1964, a vécu quarante ans. En 2004, l’Etat en a confié la charge à ses vingt-six régions. Il a été rebaptisé pour l’occasion Inventaire général du patrimoine culturel. Derrière le changement de nom, une véritable métamorphose s’est opérée.
À cette date, avaient été enregistrés, outre 8 000 statues de la Vierge Marie et plusieurs milliers de maisons, de manoirs et de chapelles, 500 hôpitaux, 400 aéroports, 180 phares, 7 raffineries de pétrole et 4 centrales nucléaires, sans compter 40 000 monuments «classés». Depuis lors, l’inflation des objets retenus n’a pas cessé.
Michel Melot, ancien directeur de l’Inventaire, se demande si, au-delà de ce besoin de sanctification laïque des biens culturels, ne se cachent pas, finalement, l’idée d’une mobilité salutaire des valeurs culturelles et celle, chère à Malraux, d’un Inventaire général ouvert, à même de remettre en question les valeurs les plus convenues.
SOMMAIRE
— L’inventaire impossible
— Trivial patrimoine
— De la cathédrale à la petite cuillère
— L’image du patrimoine
— Monuments
— Y a-t-il un patrimoine de l’humanité?
— Les leçons de l’inventaire général