Miquel Mont, artiste catalan vivant à Paris (il est à ce titre présent dans l’exposition du Grand Palais «La Force de l’art», au sein de la section d’Eric de Chassey), explore les ressources matérielles et conceptuelles de la peinture depuis une quinzaine d’années. Le geste pictural et la matière sont les principaux objets de sa recherche. Par un processus de séries, il étudie les modes de pensée et d’exposition de la peinture, dans son rapport à l’espace et aux spectateurs.
Aussi l’exposition présentée actuellement à la galerie Aline Vidal pose-t-elle avec intérêt la question de la matérialité et des «limites» (au propre comme au figuré) de la peinture, dans une réflexion héritée du groupe Supports-Surfaces.
En 2004, la galerie accueillait le travail de Miquel Mont dédié alors à la peinture, à son épaisseur, son relief, sa texture. Ici, deux types de recherches s’opposent et se complètent.
La série intitulée «Pores» fait suite à deux séries où la peinture était déjà soustraite au regard. La série des «Grilles» est constituée de tableaux en contreplaqué perforé, comme pour la confection de confettis, où la matière est prélevée sur l’œuvre; un autre ensemble, daté de 2004, tend à dissimuler la peinture derrière des échafaudages.
Dans les Pores, le jeu sur l’absence/présence de la peinture est plus minimaliste: les trous s’agrandissent jusqu’à devenir eux-mêmes présence de l’œuvre, au détriment du support, qui n’en est plus que le cadre.
On retrouve ici le jeu sur les formes et les couleurs propre au médium, mais apparaît aussi le volume, puisqu’à mesure que les trous s’élargissent, le support s’épaissit: la peinture se mue en sculpture, se détachant progressivement du mur et de sa planéité.
L’«intervention murale» Dessin-Peinture vient en contrepoint, et comme en négatif, de la série des «Pores». La peinture déborde littéralement de son cadre: l’important est ici le geste de l’artiste, ces deux lignes tracées à la bombe sur toute la largeur du mur, et qui marquent la toile comme par accident.
A l’instar du geste pictural primitif, la peinture retourne à l’état de trace, tandis que la toile n’est plus qu’un élément perturbateur. La muralité et le geste du peintre reprennent leur place dans la conception de l’œuvre peinte, qui n’est plus considérée comme un objet sériel reproductible, mais, rapportée au temps et à l’espace de son exécution, redevient unique.
Traducciòn española : Maïté Diaz
English translation : Margot Ross
Miquel Mont
— Dessin-peinture, 2006. Bombe sur mur et sur toile. Dim. variables.
— Pore VII, 2006. Acrylique sur contreplaqué. 22 x 16 x 4 cm.
— Pore XVI, 2006. Technique mixte sur contreplaqué. 17,5 x 11,5 x 4,5 cm.
— Pore XIV, 2006. Acrylique sur contreplaqué. 17,5 x 11,5 x 4,5 cm.
— Pore IX, 2006. Acrylique et laque sur contreplaqué. 21,5 x 27 x 4 cm.
— Collages idéologiques, 1991- 20… Collages sur papier. 64 x 47 cm.