Dolorès Marat
Mille Rêves
Leica Camera France inaugure la première galerie Photo à Paris dans son Store, 105-109 rue du Faubourg Saint Honoré dans le 8ème à Paris. La première exposition est consacrée à l’artiste Dolorès Marat dont les «tableaux» nous transmettent une vision poétique qu’elle saisit depuis plus de 30 ans pendant ses promenades nocturnes. Paysages urbains, portraits, détails d’un quotidien dont elle saisit toute la beauté. Un voyage à travers des images picturales et oniriques qui dévoilent un univers intime et mélancolique.
Née en 1944, Dolorès Marat décide dès l’âge de 15 ans de devenir photographe. Si pendant 20 ans, elle se consacre au tirage, elle attendra 1984 pour se jeter corps et âme dans la photographie. Son regard décèle dans la banalité les plus beaux accords entre sujet, couleur et lumière. Ce parti pris pour la couleur et le choix du procédé de tirage au charbon Fresson lui valent une originalité qui sera remarquée dès le début de sa carrière. N’appartenant à aucun courant émergeant, elle se démarque des tendances dominantes. La couleur, souvent réservée à la mode et la publicité, fait son apparition dans les démarches subjectives d’auteur. Ainsi Dolorès Marat a créé une esthétique qu’elle poursuit encore aujourd’hui.
Sensible à la peinture et au cinéma, elle promène son regard de New York à Paris. A propos des images qu’elle prend, elle dit «c’est une émotion par rapport à un petit espace que je cadre, où il y a tout; il y a à la fois la personne dans une attitude qui me touche, la lumière et la couleur; et la tension entre toutes ces choses, font l’émotion; et je déclenche… c’est toujours moi et ma sensation qui se baladent à Paris, New York ou ailleurs».
Et pour reprendre un texte d’Yves Mullet, le goût de la photographie: «L’œuvre de Dolorès Marat n’est plus à présenter mais continue d’éveiller à chaque manifestation de nouvelles curiosités sur sa genèse, sur le mystère qui la fonde. L’œil de la photographe poursuit sa quête complice avec le hasard et avec la lumière, souvent captée au moment de sa plus basse intensité, de sa plus grande subtilité, pour catalyser l’espace avec le temps. Cette recherche tire toute sa force du point de vue de l’artiste: solitude qui «vise juste» et atteint ces petits riens fugitifs, ces lapsus optiques que nous reléguons si promptement dans l’inconscient visuel de nos vies précipitées. Joie et mélancolie entremêlées confèrent à ces photographies leur âme si étrange, il est vrai, somptueusement servies par le procédé de tirage couleur au charbon le plus précieux, l’intemporel Fresson…
Comme toute grande photographie, celle de Dolorès Marat réinstaure une souveraineté du regard, offre un recours au regardeur pour retrouver un plaisir jubilatoire des images, libre et résistant à toute définition. Quand l’art photographique est servi par une telle sensibilité au battement du monde, le Leica dans les mains de la photographe devient un instrument pour en mesurer le pouls. M comme Marat.»