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Miguel Rothschild

Le «paradis» de Miguel Rothschild montre du doigt la marchandisation sans merci de notre vie quotidienne et les stratégies qui tentent de revaloriser la normalité de l’existence à l’aide de références symboliques. Il nous présente à l’aide d’objets et de photos le principe de l’attrape-nigaud.

— Auteurs : Marie-Cecilia Barbetta, Philippe Cyroulnik, Joachim Jeager
— Éditeur : Le 19, Centre Régional d’Art Contemporain, Montbéliard
— Année : 2004
— Format : 17 x 24 cm
— Illustrations : Couleur
— Pages : 92
— Langues : Français, allemand et anglais
— ISBN : 2-910026-90-6
— Prix : 20 €

Présentation
Par Philippe Cyroulnik
Cette monographie a été conçue l’issue de l’exposition de Miguel Rothschlid au 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard. Elle permettra au public une première approche synthétique de l’œuvre de cette artiste singulier et fascinant. Des portraits de 1989, que nous avions vu dans son atelier de Buenos Aires où il vivait à l’époque, aux performances qu’il a réalisées en Allemagne et plus précisément à Berlin où il s’est établit puis aux photos «découvrant» le paradis sous la figure d’un lieu, d’une ville, d’une station ferroviaire, d’un panneau indicateur, d’un magasin ou d’une enseigne, ou encore aux flip-books de la série Musterman , autofictions sur le mode kistsch du roman photo jusqu’à ses installations, Miguel Rothschild nous emporte dans une carte du tendre qui ressemble à un chemin de croix.

Acceptant avec une allégresse résignée les affres de sa destinée, son «personnage» parcourt sans rechigner les stations du malheur et de la souffrance. Mais avec une telle soumission, un tel excès de zèle dans l’épreuve et dans la soumission au tragique quotidien, un tel pathos dans ses «aventures», une telle naï;veté dans l’espérance toujours déçue qu’on passe vite de l’autre côté de la représentation pour déboucher dans un monde ou le pathétique flirte avec le burlesque. Il reprend une tradition qui s’origine dans la plus pure tradition de la peinture (représentation de la souffrance et de la blessure dans la peinture religieuse) et dans la tradition mystique (la flagellation pour atteindre à l’extase); mais il le fait avec l’ironie d’un artiste qui vit à l’ère du désenchantement généralisé. Il sait que dans ce monde de la production marchande généralisée et du consumérisme, l’Histoire se débite en petites histoires, la Passion en romans de gare, le Paradis en marques déposées et que même l’éternité a une date de péremption.

S’il emprunte à la tradition picturale la plus classique il la tempère d’une bonne dose de grotesque. Il ne déteste pas l’art conceptuel mais assaisonné d’un zeste de néo dadaï;sme. Chassé du Paradis notre Adani de pacotille se contente de peu, la dépouille pour le trophée, le cauchemar pour le rêve et le mièvre pour le merveilleux. C’est pourquoi les panneaux indicateurs deviennent les signes, les objets les reliques, les imprimés, les indices de ce paradis perdu. Il y a chez lui quelque chose de Don Quichotte et de Buster Keaton. Et pour reprendre la formule commune, il s’est attaché au meilleur mais n’a connu que le pire. En bon apôtre il ne désespère pas, continuant avec une inébranlable conviction son désastreux chemin. Comme on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Le 19 — Tous droits réservés)

L’artiste
Miguel Rothschild est né en 1963 à Buenos Aires, il vit et travaille à Berlin en Allemagne.

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