S’assoir sur un banc relève de ces faits auxquels nous n’accordons généralement que peu ou pas d’importance. Pourtant, le banc est cet objet qui appartient à tous et à personne, sur lequel on s’assoit généralement pour refaire le monde, tout en laissant aller un regard vagabond à la ronde.
L’exposition «Microscopie du banc» consiste à réunir en constellations les multiples manières dont les artistes, de toutes aires géographiques et temporelles, se sont emparés de deux faisceaux de questions soulevées par la thématique du banc: sa forme – dédiée au repos et à l’observation –, et sa fonction d’instrument social. À travers des installations, films, vidéos, sculptures, photographies et performances, l’exposition se déploie à l’intérieur de la galerie mais aussi à l’extérieur, dans les rues de la ville.
D’une certaine manière l’exposition s’inscrit dans le prolongement du programme que fonde Marcel Mauss pour les sciences humaines dans Les techniques du corps. Celui-ci invite ses successeurs à prêter la plus grande attention aux habitudes gestuelles dont nous peuplons nos existences. Dans cette perspective «Microscopie du banc» présente des oeuvres qui amènent d’une part à examiner l’objet banc en tant que tel dans un système de relations: relation de l’homme avec lui-même, avec les autres, et avec le paysage, consistant ainsi à voir comment il l’active, dans des espaces propices ou non à la contemplation.
L’exposition dévoile également des pièces évoquant ou provoquant ce moment de halte suscité par la présence d’un banc au sein d’un parcours. C’est le cas notamment avec la proposition d’Anne Laure Sacriste qui est en relation directe avec l’univers d’Isamu Noguchi, et l’attention qu’il portait au choix des pierres pour concevoir un banc. Mais aussi, dans un registre formel très différent, avec une production spécifique en stuc de Jorge Santos, le film BNSF de James Benning, ou encore la série de photos Three Sheep de Daniel Gustav Cramer.