L’exposition de Javier Vallhonrat à la galerie Emmanuel Perrotin est construite comme une scénographie duelle. Face à face se confrontent une réalité et une fiction de paysage. D’un côté se trouve la série ETH, composée de photographies prises dans les Grisons Suisses, elles représentent des ponts encastrés dans les rochers et les sapins enneigés ; et de l’autre côté, il y a la série Acaso qui représente des paysages imaginaires, des constructions de cartons.
Pourtant l’opposition réalité-fiction peine à fonctionner. Les deux séries semblent irréelles. ETH ressemble à des photographies de maquettes, à des paysages de train électrique. Pour Acaso, c’est l’association d’une construction modeste et de la présence de l’artiste qui rompt le charme. L’artiste ne tente pas d’induire le spectateur en erreur quand il jette dans la nature ses petites constructions miniatures et pauvres. Pour balayer toutes confusions, il pose à côté d’elles. Côte à côte on retrouve les pieds de l’artiste et des cartons troués représentant des immeubles.
Si la confrontation entre la réalité et la fiction semble échouer, la série Acaso, à travers les différentes cabanes dressées ici et là , réussit dans la légèreté là ou elle échouait dans la référence et la confrontation. Plantées dans les bois ou dans les champs, à l’aide de sacs en plastique, de cordes et d’objets de récupération, ces maisons de fortune laissent pointer une fragilité architecturale qui se marie bien avec le lieu. Paradoxalement, cette absence de moyen fonctionne mieux que les exemples précédents. Ces constructions se fondent dans le paysage, alors qu’auparavant elles restaient très en retrait, elles étaient juste posées négligemment, alors qu’ici elles sont de plein pied dans l’espace.
Javier Vallhonrat
Série ETH, 2000. 4 photos couleur. 70 x 105 cm.
ETH, 2000. Encre de chine sur calque. 47 x 64,5 cm.
Série Acaso, 2001. 12 photos couleur. 87,5 x 166 x 4 cm.