Rogério Reis
Micro-Ondes
Dans l’espace de la Vitrine, la Maison Européenne de la Photographie programme un travail du photographe brésilien Rogério Reis. Il s’agit de l’installation intitulée « Micro-ondes », devoir de mémoire sur les pratiques particulièrement violentes et barbares en cours au Brésil.
En effet, dans certaines favelas de Rio, de jeunes trafiquants d’armes et de drogue torturent et condamnent à mort leurs ennemis dans des « micro-ondes », sorte de crématoriums improvisés dans des pneus arrosés d’essence auxquels ils mettent feu. Cette « méthode » ne laisse aucune traces des corps calcinés, les victimes ne peuvent être identifiées par la police et les coupables sont, de ce fait, rarement jugés.Cette barbarie s’opère au grand jour dans certains bidonvilles, sur une population pauvre et non protégée par les pouvoirs publics. Quand ils le peuvent, les habitants, malgré le manque d’instruction et de travail, dénoncent ces crimes aux autorités.
Ces photos en noir et blanc, insérées dans des pneus, sont le résultat de reportages sur la violence que Rogério Reis a réalisé pour la presse, dans les années 80, en association avec un ami journaliste, assassiné au « micro-onde » en 2002. Son ami effectuait un reportage pour une chaîne de TV où il dénonçait la vente de drogue aux adolescents des banlieues. Ses assassins sont aujourd’hui en prison.
Les photos couleurs qu’il a réalisées en 2004, également insérées dans des pneus, rendent hommage à un autre de ses amis, lui aussi victime de torture à la fin des années 70 pendant la dictature militaire brésilienne.