Jean-Michel Alberola, Gordana Andjelic Galic, John Armleder, Snezana Arnautovic, Txomin Badiola, Mrdjan Bajic, Ruth Barabash, Valerio Berutti, Erik Binder, Frauke Boggasch, Maria Bussmann, Pedro Cabrita Reis, Marija Calic, Eugenio Cano, Davide Cantoni, Jiri Cernicky, Sung-myung Chun, Daniel Chust Peters, Victoria Civera, Marcus Coates, May Cornet, Tessa Manon Den Uyl, Uros Djuric, Nikola Dzafo, Barbara Eichhorn, Petra Feriancova, Peter Friedl, Gloria Friedmann, Steven Gontarski, Paolo Grassino, Kevin Francis Gray, Yang Haegue, Soonja Han, Sioban Hapaska, Veronika Holcova, Dominika Horakova, Kim Hyunsoo, Pello Irazu, Marine Joatton, Kimsooja, Hee Seok Kim, Oan Kim, Nina Kovacheva, Laura Lancaster, Fabrice Langlade, Denisa Lehocka, Andreas Leikauf, Felice Levini, Christiane Löhr, Carla Mattii, Matthew McCaslin, Sabrina Mezzaqui, Milica Milicevic & Milan Bosnic, Motti Mizrachi, Zsuzsa Moizer, Hajnal Nemeth, Sang Kyoon Noh, Isabel Nolan, Ursula Palla, Marina Paris, Marina Perez Simao, Françoise Pétrovitch, Ivan Petrovic, Renata Poljak, Zoran Popovic, Sergio Prego, Mileta Prodanovic, Hana Rajkovic, Laszlo Laszlo Revesz, Anila Rubiku, Maurizio Savini, Nebojša Šeric Shoba, Valentin Stefanoff, Marko Stojanovic, Agnes Szepfalvi, Barthélémy Toguo, Sandra Vasquez de la Horra, Vedovamazzei, Vuk Vidor, Katerina Vincourova, Lois & Franziska Weinberger, Skart, XYZ, Sookyung Yee, Huy-Sook Yoo, Italo Zuffi, Ivan Zupanc
Micro-narratives, tentation des petites réalités
L’exposition « Micro-Narratives, Tentation des petites réalités » regroupe 87 artistes vivants, de générations différentes et venus de 24 pays. Cette exposition, dont le commissariat est assuré par Lorand Hegyi, directeur du Musée, a été présentée dans une version un peu différente au 48ème Salon d’Octobre de Belgrade en 2007 organisé par le Centre Culturel de Belgrade.
Dans la continuité des expositions « Settlements » présentée en 2004 et « Domicile : privé/public » montée en 2005, « Micro-Narratives » veut dresser un état des lieux d’une nouvelle attitude artistique à l’époque de la radicalisation des conflits globaux, des valeurs religieuses, des idéologies, des systèmes socioculturels et de la fin des grandes vérités. Il s’agit de l’intérêt croissant des artistes pour les petites réalités, pour la multiplication des environnements socioculturels spontanés, pour les phénomènes de micro-communication. Les philosophes Arthur C. Danto et Jean-François Lyotard identifient la fin des grands récits et des sujets universels, et une attention désormais portée aux « petits récits » ou micro-narratives. Ces récits n’appartiennent plus à des intellectuels mais bien à des artistes, qui opèrent dans des situations microsociales avec des prises de position locales. L’artiste d’aujourd’hui ne serait donc plus l’intellectuel qui avait le droit d’agir au nom d’un sujet universel.
Dans ce cadre, les artistes développent une approche affective pour ce qui les entoure. Ceci se traduit par une pratique artistique centrée sur de nouveaux processus de création plus sensibles, antihiérarchiques, antimonumentaux, intimes et modestes. Nous sommes face à une micro-narration poétique qui exprime un investissement personnel de l’artiste, et localise la pratique artistique dans l’ensemble complexe et versatile des relations sociales. Pedro Cabrita Reis (Portugal) élabore ses sculptures à partir de matériaux simples qui portent la marque des gestes de la vie quotidienne ; les petits dessins de Laura Lancaster (Royaume-Uni) sont issus de photo de vie de famille anciennes chinées ; les maisons en papier finement brodées d’Anila Rubiku (Albanie) sont le reflet de sa vie, de ses origines et de ses centres d’intérêts ; le travail de Barthélémy Toguo (Cameroun) évoque sa vie de transit et de contradictions entre Paris et Bandjoun ; et bien d’autres artistes connus comme John Armleder (Suisse), Jean-Michel Alberola (France) ou Gloria Friedmann (Allemagne) et plus jeunes comme Daniel Chust Peters (Brésil), Yee Sookyung (Corée du Sud) ou Sandra Vasquez de la Horra (Chili) inscrivent tout ou partie de leur travail dans cette attention aux petits riens qui font la vie.
La douceur, la flexibilité et l’empathie sont les mots d’ordre d’une nouvelle stratégie qui observe et évalue les petites réalités directes, avec une sensibilité accrue pour les nuances, les détails et l’intime, correspondant à une pratique artistique contemporaine de la proximité et de l’évidence. Les micronarratives seraient le reflet de notre époque contemporaine basée sur la spontanéité, la tolérance, une sensibilité fragile, modeste et sincère.
Tous les artistes regroupés dans l’exposition sont confrontés aux problèmes de la création de nouvelles constellations anthropologiques et de situations d’une micro-communication. Un nombre important de femmes participe à cette exposition. Peut-être cela montre-t-il que l’art du début du XXIe siècle exprime une affinité particulière, envers l’investissement émotionnel et l’empathie, c’est à dire l’aptitude à un comportement doux, intime, sophistiqué envers les petites réalités, et qui montrent ainsi une certaine entité féminine, anti-monumentale. L’artiste coréenne Kimsooja avec sa vidéo, A Beggar Woman, une femme mendiante assise de dos dans la rue en silence, oblige le visiteur à s’interroger sur le statut de l’artiste, du spectateur, de la femme, de l’être humain sans doute.