Pierre Rigal
Micro
Il s’agit d’un fantasme: un homme fait naître de son imagination un groupe pour orchestrer un concert hybride, lui donnant une physicalité inédite, détournant les codes, la façon de jouer des instruments. Les musiciens surgissent des machines, puis le son naît de l’influx électrique et les chansons apparaissent. Le créateur fabrique son rêve, flirtant avec l’imagerie du rock (le sacré, l’idolâtrie, l’auto-destruction), non sans humour. Jusqu’à ce que l’ensemble lui échappe…
Dans les années 1990, le concert rock indépendant était en perte de vitesse. L’industrie du disque toute puissante ne favorisant pas la scène comme moyen de promotion. En revanche depuis le milieu des années 2000, l’effondrement des ventes de disque redonne vigueur au concert, qui devient la seule véritable source de rémunération pour les musiciens. Paradoxalement et heureusement l’essor du virtuel, via internet, apparaît comme un catalyseur du concert concret et du vivant.
C’est dans ce contexte que Micro propose une réflexion sur le format concert rock dont la mise en scène n’a pas vraiment évolué et reste globalement assez académique.
Pierre Rigal imagine un format hybride où la musique rock balance vers différents univers et globalise tous les éléments que composent un spectacle; chant, musique, dramaturgie, danse lumière, installation plastique et scénographie…
Tout le travail de composition sonore et visuelle de cette pièce se trouve ainsi initié par des contraintes inhabituelles: ce sont de nouvelles règles de gestion de l’espace et des objets, en particulier des instruments de musique et du système de diffusion, qui vont s’appliquer.
En plus de la contrainte physique et spatiale, la composition de Micro propose un voyage à travers les styles musicaux. L’ossature des performeurs composée par Julien Lepreux, Malik Djoudi, Gwenaël Drapeau et Mélanie Chartreux se balade le long des frontières du rock, de la pop, du post-rock, du punk, du lyrique, de la chorale, de l’électronique acoustique… et du death metal.