Si le rapport entre les démarches reste assez sibyllin, leur confrontation donne la part belle au travail du jeune peintre Luc Aubort. Sa peinture abstraite ouvre un remarquable renouvellement du genre sans pour autant renier ses héritages. Les couleurs et leurs contrastes rappellent la puissance hypnotique de l’Op-art. Le vocabulaire formel est à situer dans la continuité de l’art concret en s’enrichissant au passage des codages signalétiques de l’art graphique.
L’ensemble s’offre au visiteur comme un espace revisité par les années soixante-dix. Ici, le décoratif ne s’oppose en rien à l’artistique, bien au contraire. Les deux aspects se rejoignent et se complètent. La ligne serpentine qui relie les différentes pièces revendique cette approche environnementale de la peinture. Les tableaux eux-mêmes à leur échelle s’affirment comme « objets-motifs », dans le sens où le motif est moins contenu par le tableau que confondu avec son support.
L’imagerie se maintient en fait dans une semi-abstraction qui nous est proche et familière en conservant une certaine expressivité figurative latente. Il y a également du mouvement dans les motifs abstraits de Luc Aubort, de l’explosif, du spectaculaire et ces effets semblent empruntés aux domaines des mangas, des publicités ou des dessins animés. Ainsi, la réflexion sur l’abstraction de ce jeune peintre s’inscrirait dans un rapport au monde et au code du divertissement enfantin ou adolescent.
Il y a dans la peinture de Luc Aubort de quoi satisfaire plus d’un amateur de la vie des signes dans leurs multiples dimensions expressives. Ce travail participe de ce qui apparaît à ce jour comme le nouveau visage de la peinture abstraite débarrassée d’un maquillage théorique devenu inutile à sa justification, et dessiné à grand trait par une nouvelle génération dont les représentants commencent à se faire connaître.
Michelle Naismith :
— Au revoir Moodle Pozart, 2004. Vidéo.
— Palais de Justice (I Choose Also Black), 2003. Vidéo.