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Michel Journiac

Première monographie consacrée à l’artiste depuis sa mort en 1995. Un art sociologique et politique qui met en scène le corps et les clichés comportementaux qu’il engendre. Identités sexuelles, communautarisme, tabous, ascendance familiale, etc. sont autant de thèmes que Journiac fait voler en éclat dans des œuvres provocantes et salvatrices.

— Éditeurs : Musées de Strasbourg, Strasbourg / École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris
— Année : 2004
— Format : 24 x 28 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 196
— Langue : français
— ISBN : 2-84056-142-5
— Prix : 39 €

Hoc est enim corpus…
par Fabienne Keller et Robert Grossmann (extrait, p. 7)

Née au début des années 1970, au moment où création et militantisme se confondent sur fond de guerre du Vietnam et de libération sexuelle, l’œuvre de Michel Journiac dépasse pourtant les engagements sociaux et politiques de son temps. Évidemment, l’art de Journiac est un art de combat, une lutte revendiquée comme telle contre les préjugés et les injustices de tous ordres (parmi lesquels l’exclusion sociale des homosexuels) ainsi qu’une guerre acharnée contre le sida.

Cependant, s’il met sens dessus dessous totems et tabous, la radicalité que recherche Journiac n’est pas de l’ordre de la seule provocation ni de la révolte libertaire. Ce sont sa démarche et son questionnement qui sont radicaux. De Messe pour un corps en 1969 à L’Inceste en 1975, jusqu’à l’utilisation de son propre sang, Journiac n’a de cesse d’interroger le hoc est enim corpus meum, que le philosophe Jean-Luc Nancy, dans son essai Corpus, établit comme l’une des problématiques les plus puissantes de la métaphysique occidentale.

Certains pourront y déceler une influence, non pas de son temps, mais de sa formation de théologien, comme si Journiac avait, en rangeant son froc au magasin des accessoires, gardé par devant lui une réelle fascination pour le mystère de l’incarnation. Plus simplement encore, il est possible de faire un lien entre la démarche de Michel Journiac et le « ça » de L’Anti-Œdipe, ouvrant en 1972 l’ouvrage magistral de Gilles Deleuze et Félix Guattari.

En présentant ses Å“uvres clefs au public, le musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg réalise la première rétrospective consacrée en France à Michel Journiac. Nous espérons qu’elle permettra à chacun de découvrir cet artiste qui, parmi les premiers, a – dans le sens le plus littéral qui soit – donné corps à l’art.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions des Musées de Strasbourg)

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