L’exposition de Michel François proposée par la galerie kamel mennour à Paris fait écho à l’œuvre que l’artiste présentera à la fin du mois de septembre à la biennale d’art contemporain de Rennes. Cette installation intitulée Scène des abandons trouve en effet son prolongement dans la majeure partie des sculptures réunies dans cette troisième exposition personnelle à la galerie kamel mennour.
La mise en forme naturelle de la matière
L’installation Scène des abandons est une œuvre rétrospective, un espace expérimental dans lequel sont agglomérés divers objets achevés ou non. Ce catalyseur d’idées est à mettre en relation avec des créations antérieures de Michel François telles que Bureau augmenté et Le Salon intermédiaire, réalisés respectivement en 2000 et 2002. Comme dans ces installations, il est question aujourd’hui de choisir un espace précisément défini : celui du théâtre, lieu choisi en tant que zone de mise en scène des œuvres.
L’abandon auquel fait allusion le titre de l’œuvre ne constitue pas une renonciation ou un détachement. Il est au contraire une manière d’épouser la tendance naturelle de la matière. Cet abandon est un refus d’aller à l’encontre de la résistance inhérente à la matière. La capacité de celle-ci à adopter une forme par défaut est au centre de l’exposition. Les œuvres sont autant le fruit du hasard que du geste contrôlé. Il s’agit pour Michel François de laisser à la nature tout le temps dont elle a besoin pour façonner les éléments.
Michel François définit l’art comme un geste figé
L’œuvre intitulée Instant Gratification résulte d’une projection de bronze liquide sur le sol puis accrochée au mur une fois refroidie, prenant alors l’aspect d’un enchevêtrement de fils formant une plaque, telle un tableau. L’image d’un geste figé dans son élan que renvoie cette projection volatile fixée dans un rendu solide est récurrente dans la démarche de Michel François. Les œuvres forment un pont entre ce qui l’art en devenir et l’art achevé, elles donnent le statut d’art à tous les mouvements qui le composent. Des plaques de tôle, sur lesquelles une myriade de cercles ont été créés à l’aide d’un chalumeau sont ensuite polies, immobilisées dans leur brillance. Des blocs de plâtre aléatoirement tirés d’un bac sont présentés une fois poncées et fendus. Ces pièces ne tirent pas leur valeur d’œuvre d’un quelconque processus créatif mais seulement de leur forme finale. La rupture artificielle du cours naturel de transformation des matériaux fonde l’œuvre d’art.