« Michael Dans dort tous les jours jusqu’à midi et ensuite les minutes qui s’égrainent pour sa vie privée et son travail ne sont qu’une suite d’incongruités qui, quand elles se croisent, plongent autrui dans la perplexité ». C’est ainsi que la galerie Le Sous-sol présente Michael Dans, artiste belge, ludique, subtil et ravageur, pour sa première exposition à Paris.
Objets grands et petits, uniques ou multiples, photographies, dessins aux pastels gras, vidéo, Michael Dans varie les plaisirs tactiles et visuels. Un panneau montre le Petit Nichoir, petite maison d’oiseaux absents ; dans une vidéo M. D. et sa mère échangent des oh ! et des ah! en voix off, tandis que défilent sur un fond uniforme quelques unes des cent caricatures en noir et blanc de personnages des médias, de l’histoire, des mythes et archétypes de notre société. L’ironie n’exclut pas la poésie, la citation, voire le proverbe, mais le regard de l’artiste est toujours aigu.
Le grand nichoir, une pièce suspendue à presque qu’un mètre du sol, nommée Looping, engagerait peut-être à des loopings particuliers (voluptueux ?) mais, à l’intérieur, il n’y a rien à voir. La grande maison d’oiseaux absents ne présente qu’un vide assez doux. La matière sensuelle du bois clair et le perchoir horizontal, un peu phallique quand même, s’allient à la netteté de la découpe de ce volume sur le mur.
Autre objet insolite, les gants de boxe en peau de porc et lacets satinés (Le Courage ), sont juste posés sur la fenêtre.
Mine de rien, il y a toujours quelque chose qui surprend, dans le changement d’échelle (les deux Nichoirs ), les associations (comme gants de boxe et grand nichoir : Le Courage et le Looping… ), la présence forte du dessin (vidéo, pastels), le goût du jeu (intriguer et déplacer les idées reçues par l’absurde). Les pièces, les images colorées, les matières, les signes, les espaces de Michael Dans pourraient avoir quelque parenté avec Magritte, Broodthaers, Lizène ou encore Armleder ou Steinbach, mais ils semblent surtout échapper à toute certitude.
Au travers d’une grande variété de moyens (tous médiums et images fixes ou mobiles), de lieux (galerie, musée, rue, etc.), de liens et d’actions (faire une exposition, faire la cuisine), se manifeste la fluidité d’une pensée critique sans dogmatisme.
Dans ne porte pas de jugement, il montre la persistante bizarrerie des choses et ce qu’elles peuvent nous contraindre à faire. Même si l’intime (se nicher, se cacher, faire des farces, laisser des choses au hasard…) a sa part dans le jeu des associations, la distance maintenue (le sens n’est pas donné, mais seulement suggéré) nous renvoie assez cruellement au monde inquiétant des objets, à notre solitude aussi.
Les œuvres de Michael Dans se présentent comme des espaces non fixés, assez mystérieux, prenant l’humour comme moyen d’agiter les esprits. L’oiseau en tissu, agité de rythmes entêtants (That’s All Folks) fait référence aux élargissements de l’art contemporain, réactif, relationnel, direct, mixte, qui puise librement dans les images les plus banales mais qui décapent en profondeur.
Ni kitsch, ni minimal, ni trash, Michael Dans cultive avec humour et retenue une absurdité très vitale. Il se situe à la frontière des objets et des attitudes, très librement.
Michael Dans
— Looping, 2000. Bois. 175 x 153 x 195 cm.
— Le Courage, 2001. Peau de porc. 60 x 25 cm.
— Sspritch, 2001. Pastel gras sur papier. 110 x 73 cm.
— L’esclave, 2001. Pastel gras sur papier. 110 x 73 cm.
— Dans le mille, 2001. Pastel gras sur papier. 110 x 73 cm.
— Sans titre, 2001. Pastel gras sur papier. 110 x 73 cm.
— Yoyo, l’exhibitionniste, 2001. Pastel gras sur papier. 110 x 73 cm.
— Big Bambi, 2001. Photographie couleur. 30 x 45 cm.
— Big Bambi, 2001. Photographie couleur. 77 x 53 cm.
— Abraracourcix, 2001. Photographie couleur. 30 x 45 cm.
— Camouflage urbain, 2001. Photographie couleur. 30 x 45 cm.
— Sans titre, 2001. Vitres des fenêtres de Marrès enchâssées dans du bois. 70 x 75 x 15 cm.
— Petit Nichoir, 2000, en collaboration avec François Curlet. Nichoir en bois. 18 x 16,5 x 16,5 cm.
— Il y a des O(ooooh) et des B(aaaah), 2000. Vidéo bétacam couleur. 60 minutes.
— That’s All Folks, 2001. Tissu acrylique et installation électrique avec détecteur. 30 x 30 x 10 cm.