DANSE | SPECTACLE

Festival d’Automne | Moving in Concert

06 Nov - 09 Nov 2019

Inaugurant un nouveau cycle, avec Moving in Concert la chorégraphe Mette Ingvartsen présente une pièce où danse et lumière ne font qu'une. Mobilisant neuf danseurs et des lampes à led tubulaires, entre solide et fluide Moving in Concert remplit l'espace de corps lumineux en mouvement.

Avec Moving in Concert (2019) [Mouvant de concert], la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen livre une pièce pour neuf danseurs… Et de la lumière. Titre concis, Moving in Concert fait plutôt référence aux mouvements ‘réalisés ensemble’, de concert. Avec quelque chose, peut-être, de la fluidité des déplacements collectifs, comme les nuées d’oiseaux. Travaillant par cycles, Mette Ingvartsen a déjà une vingtaine de pièces à son actif. Dont deux cycles fonctionnant tels des préludes à ce projet. Soit la série de cinq pièces The Artificial Nature Project (2009-2012), d’une part. Et d’autre part, la série de trois pièces et une conférence protéiforme, The Red Pieces (2014-2018). Le premier cycle plongeait dans la perception des phénomènes de la nature. Avec une emphase sur les matières et objets. Tandis que le deuxième cycle, The Red Pieces, proposait une exploration chorégraphique de la sexualité. Sans être une synthèse, Moving in Concert prolonge les deux recherches.

Moving in Concert de Mette Ingvartsen : une danse de filaments lumineux

Pour le premier cycle, The Artificial Nature Project, Mette Ingvartsen avait donné aux danseurs des consistances d’opérateurs. Les mettant ainsi en retrait par rapport aux objets. Avec le deuxième cycle, interrogeant notamment l’influence de la pornographie internet sur la sexualité, les corps redevenaient prépondérants. Si la lumière était déjà une matière à expérimentation dans The Artificial Nature Project, Moving in Concert lui réserve aussi une place de choix. Mais comme l’explique Mette Ingvartsen, là où le premier cycle était celui de la matière, Moving in Concert s’attache à rééquilibrer les rapports humain/non-humain. Livrant ainsi une pièce ou danseurs et lumières s’intriquent. Sur scène, les interprètes sont liés, à et par, des tubes de led. Un agencement que Mette Ingvartsen compare à un lierre lumineux, aux effets et couleurs changeants. Des filaments lumineux qui « servent à créer une chorégraphie qui n’existe que dans l’entre-deux de cette relation ».

Une pièce chorégraphique explorant les textures lumineuses et sonores

À ce couplage corps-lumière, Moving in Concert adjoint une autre matière, naturelle : des lentilles noires. Comme des particules s’égrainant sur scène, tel un sablier contredisant cette éternité sans masse des photons. À mesure que les corps s’échauffent, les lentilles pourront également venir adhérer à la peau. Tandis que le son des grains, entre bâton de pluie et amortissement, enrichira encore la texture matérielle de la pièce. Corps lumineux, lumières en mouvement… Les neufs danseurs, sur scène, se lient et se délient. Tandis que les perceptions des publics peuvent recomposer des ensembles, des structures, à partir du multiple. Gyrophares tournoyants, chaînes lumineuses, organismes bioluminescents ondoyants… L’imaginaire peut affleurer dans cet espace chorégraphique. Même si ces textures lumineuses, sans être stroboscopiques, ne requièrent pas de narration additionnelle. Inaugurant potentiellement un nouveau cycle, à la croisée des technologies et natures, Moving in Concert ralentit la lumière dans une danse hypnotique.

À découvrir en première française au Centre Pompidou, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.

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