Une explosion de couleurs, un déchaînement de lignes dans des toiles monumentales. Au premier abord, les peintures de Dominique Gauthier peuvent repousser, parce que trop grandes, trop colorées, trop «encombrées». Une peinture excessive et insaisissable. Mais dans un second temps, on se laisse happer par des œuvres tourbillonnantes, invitant à un voyage dans l’épaisseur des couleurs.
Sur des toiles apprêtées d’une couche de blanc, Dominique Gauthier développe un réseau complexe de lignes colorées, des lignes «folles», ondulantes ou circulaires qui, à force de se superposer, donnent naissance à une trame dense, une multiplication de circuits qu’on ne parvient jamais à appréhender dans sa totalité.
Le regard saute d’une ligne à une autre, prend des virages et circule dans le réseau. La notion de couche et de strate est évidente chez Dominique Gauthier, d’autant plus qu’elle est littéralement accrochée sur certaines toiles : dans la série des Oratorios, une vis cruciforme vient greffer une peau transparente pendante sur la toile (à base de vernis ou de colle séchés).
Dominique Gauthier brode un réseau filaire par des lignes constamment débordées. Les différences de textures, de liquidités, de directions des lignes de couleurs, contrarient ses toiles, prises entre ordre et chaos, symétrie et dispersion, épaisseur et platitude. Parmi les enroulements de lignes, on distingue peu à peu les cercles qui servent de base à la composition d’une série telle que les Oratorios. Le cercle est aussi la figure qui prédomine dans la série Cantos noirs ou Enchantés.
Différents de la spirale, les cercles sont ici concentriques, ils se propagent en ondes de choc, comme dilatés dans la toile. L’accumulation et la superposition de ces cercles tendent à dissoudre la forme close, la forme finie qu’ils représentent, pour atteindre à quelque chose de plus infini. La structure armillaire de certaines toiles, renvoie à la fois à l’espace, aux anneaux de Saturne, mais aussi au vortex, à l’intérieur duquel s’exerce une force centripète, tourbillonnaire.
Le rapport à la musique et à la poésie est indéniable dans le travail de Dominique Gauthier. Chaque toile possède son propre rythme, sa propre musicalité, sa propre temporalité. Il joue avec les réserves comme autant de silences, de temps morts entre les mouvements et utilise à la fois la variation (des couleurs, des épaisseurs, des longueurs), la redondance ou la rime. Les séries telles que Cantos noirs et les Enchantés usent de la répétition de motifs et rappellent la figure de la ritournelle. Les titres mêmes des oeuvres de Dominique Gauthier démontrent l’influence de la musique dans sa peinture : Hostinatos (l’ostinato désigne une forme musicale répétitive), Rubenssonnades (convoque tout un champ lexical musical : sonate, sonner, résonner, renvoyant à la propagation des ondes évoquées précédemment) ou encore les Cantos noirs (« canto » signifie chant en italien et en espagnol). Le travail de Dominique Gauthier, synesthésique, convoquen tous les sens : l’ouïe, le toucher et la vue.
Dominique Gauthier
— Sans titre, série Chœurs, 2008. Technique mixte. 50 x 50 cm
— Sans titre, série Oratorios, 2008. Technique mixte. 180 x 170 cm
— Sans titre, série Oratorios, 2008. Technique mixte. 205 x 200 cm
— Sans titre, série Oratorios, 2007. Technique mixte. 225 x 215 cm
— Sans titre, série Oratorios, 2008. Technique mixte. 205 x 200 cm
— Sans titre, série Cantos Noirs, 2008. Technique mixte. 205 x 200 cm
— Sans titre, série Cantos Noirs, 2008. Technique mixte. 205 x 200 cm
— Sans titre, série Chœurs, 2008. Technique mixte. 50 x 50 cm
— Sans titre, série Réponses II, 2007. Technique mixte. 60 x 60 cm
— Sans titre, série Enchantés, 2008. Technique mixte. 250 x 285 cm
— Sans titre, série Chœurs, 2008. Technique mixte. 50 x 50 cm
— Sans titre, série Oratorios, 2008. Technique mixte. 205 x 200 cm
— Sans titre, série Réponses II, 2007. Technique mixte. 125 x 125 cm
— Sans titre, série Rubenssonnades, 2008. Technique mixte. 195 x 300 cm
— Sans titre, série Réponses II, 2007. Technique mixte. 125 x 125 cm
— Sans titre, série Rubenssonnades, 2008. Technique mixte. 205 x 200 cm
— Sans titre, série Enchantés, 2008. Technique mixte. 180 x 425 cm
— Sans titre, série Oratorios, 2008. Technique mixte. 180 x 170 cm
— Sans titre, série Chœurs, 2008. Technique mixte. 50 x 50 cm
— Sans titre, série Réponses II, 2007. Technique mixte. 180 x 185 cm
— Sans titre, série Chœurs, 2008. Technique mixte. 40 x 40 cm
Publications
— Dominique Gauthier, Dominique Gauthier, Éd. du Regard, Paris, 2001