L’exposition « Metaphysical Casino » à la galerie Semiose, à Paris, présente les sculptures de Stefan Rinck : un bestiaire fabuleux d’inspiration médiévale qui résulte d’une taille brute de la matière.
Stefan Rinck renoue l’imaginaire médiéval
Les sculptures de Stefan Rinck forment une cohorte de figures le plus souvent animales, parfois chimériques ou monstrueuses. A leur forme identifiable de renard, d’ours, de chien, de loup, de félin, de chouette, de rat, de souris, de furet, de singe, de tapir ou de grenouille s’ajoutent cependant des attributs plus inattendus. Ainsi l’œuvre Diseur de bonne aventure montre un chien dont le corps est entouré d’un cube dont les quatre faces visibles sont ornées de symboles des jeux de cartes. Dans celle intitulée Mercutio, une chouette porte un masque et un costume à collerette.
A travers ces représentations, Stefan Rinck renoue avec un imaginaire ancestral, celui des mythes et légendes et de la fantaisie médiévale. La faune de pierre qu’il sculpte transmet le style vitaliste et bouffon, entre réalisme et fantastique, des personnages ornant les édifices romans. Leur petite taille, leur morphologie souvent incongrue, leurs grimaces et leur nature chimérique entre l’animal et le monstre rappellent la verve qui s’exprimait au Moyen Âge dans les manifestations festives où, de façon codées, s’orchestrait un retournement des valeurs et des hiérarchies.
Des sculptures aux allures de bestiaire chimérique
Ainsi les thèmes du carnaval et de la mascarade sont-ils omniprésents dans les sculptures de Stefan Rinck. On en retrouve notamment l’évocation dans les masques et costumes à losange et à fraise que portent nombre de ses animaux comme dans Maître des plaisirs, Roi soleil, Bouffon, La Boule, Mercure, Eurydice, ou encore Roméo. Tous ces personnages sont inspirés d’un ballet de cour baroque de 1625, le Ballet des Fées des forêts de Saint-Germain qui était est une parodie humoristique des mélodrames qui étaient alors en vogue.
Taillées dans la pierre, le plus le souvent le grès, parfois le marbre, les sculptures de Stefan Rinck se caractérisent par la taille directe du matériau, une pratique primitive qui laissent visible l’aspect brut de celui-ci ainsi que les traces de son façonnage : marques de percussion et vives incisions. Les œuvres transmettent ainsi une part de la puissance minérale du bloc ont elles ont été extraites et imposent une forte présence.