Métamorphoses de l’électricité

Man Ray, Raoul Dufy, Piotr Kowalski, Brigitte Nahon, Ivan Messac
Métamorphoses de l’électricité  

Difficile, aujourd’hui, d’imaginer vivre sans électricité. Invisible, impalpable, ce mode d’énergie est pourtant omniprésent dans notre vie quotidienne depuis près de cent ans. Tour à tour fluide mystérieux, fée bienfaisante, énergie omniprésente et vitale, l’électricité a profondément transformé notre rapport au monde. Si ses applications dans l’industrie et la vie quotidienne – la force, la lumière, la transmission d’images et d’informations – sont bien connues, les apparences multiples qu’elle a données aux objets nés de sa découverte le sont beaucoup moins.

Illustrer les traces pérennes que l’électricité a générées dans le paysage et dans les musées, mais aussi remémorer la généalogie des formes passagères qu’ont revêtues les objets de consommation : telle est l’ambition de cette exposition consacrée au patrimoine laissé par une énergie qui, pour être invisible, n’en est pas moins devenue indispensable à l’homme.

L’exposition s’organise en trois parties :

1- De la fée mystérieuse au confort du quotidien

Le spectacle des Lumières, évoqué par les objets des cabinets de curiosités (bouteille de Leyde, pistolet de Volta…), rappelle une époque où l’électricité était à la fois objet de science et source de divertissement. Les féeries lumineuses des expositions universelles du XIXe siècle (gravures, dynamo Edison, électriseur de foire, lampe à arc…) prolongent la magie de la nouvelle énergie. Canalisée et maîtrisée par la recherche et l’industrie (compteurs, ampèremètres, photographies des premiers métiers de l’électricité…), l’électricité participe à la modernisation des foyers à mesure que s’imposent, dans les années 1930, 1950 et 1970, les objets électrodomestiques (téléviseur, électroménager, radiateur…) transformant les modes de vie (affiches, publicité…).

2- Le paysage métamorphosé

Les paysages sont également métamorphosés par l’activité industrielle; l’électricité y déploie ses réseaux, ses usines et ses installations jusqu’au cœur de la ville. Maquettes anciennes, photographies, films témoignent de la puissance d’une industrie qui sut faire appel aux grands noms de l’architecture. La production, la transformation et la distribution de l’électricité ont donné lieu, depuis la fin du XIXe siècle, à des architectures originales qui expriment la modernité de la nouvelle énergie, allant jusqu’à la création de nouveaux paysages.
Une section particulière est consacrée à quelques réhabilitations exemplaires de ces architectures de l’industrie électrique devenues aujourd’hui espaces culturels (maquette de l’Espace EDF Electra, photographies de Tate Modern à Londres, de la Centrale Montemartini à Rome…).

3- Art et électricité : aux sources de la modernité

Cette proximité avec de grands architectes a conduit l’industrie électrique à développer très tôt des relations avec le monde de l’art et de la création. Å’uvres, films, photographies illustrent la pérennité de cette relation à travers les commandes passées par les entreprises d’électricité aux artistes : Man Ray, Raoul Dufy, pour les plus connus, Piotr Kowalski, Brigitte Nahon, Ivan Messac…. plus récemment.
Ultime étape, les artistes contemporains se saisissent de la mémoire des sociétés industrielles pour en faire l’objet même de leur création. C’est le sens de la commande passée par la Fondation Electricité de France à l’artiste Yann Toma qui conclut cette exposition.