Meret Oppenheim. Rétrospective
Alors qu’elle n’est âgée que d’une vingtaine d’années, son assemblage Le Déjeuner en fourrure (1936) la fait passer du statut de muse scandaleuse du surréalisme à celui d’artiste majeure du mouvement. En 2013, Meret Oppenheim aurait eu 100 ans. À cette occasion, le LaM accueille une rétrospective de près de 200 œuvres de cette artiste inclassable, qui n’a pas été montrée en France depuis 1984.
Meret Oppenheim vit ses années d’enfance dans le milieu cultivé de ses grands-parents maternels entre Delémont dans le Jura suisse, Steinen en Allemagne et Bâle. Elle part étudier l’art à Paris et y rencontre Alberto Giacometti et Jean Arp, qui l’introduisent dans le cercle surréaliste et avec lequel, elle commencera à exposer à partir de 1933. C’est également à cette époque que Man Ray la prend pour modèle d’une série de photographies réalisées dans l’atelier de Jean Marcoussis et, dont une image sera publiée dans le n°5 de la revue Minotaure sous le titre d’Érotique voilée.
Lors d’une rencontre avec Picasso et Dora Maar au Café de Flore, elle porte l’un des bracelets recouverts de fourrure qu’elle a réalisés pour Elsa Schiaparelli. Picasso suggère alors que l’on recouvre tous les objets du quotidien de fourrure; ce à quoi elle répond: «comme cette tasse par exemple.». Une fois réalisé, l’objet est baptisé Le Déjeuner en fourrure par André Breton et apparaîtra dans la célèbre «Exposition d’objets surréalistes» à la galerie Charles Ratton, puis dans l’exposition «Fantastic Art, Dada, Surrealism» au MoMA en 1936. Son association aux activités du groupe surréaliste se poursuit, jusqu’à sa participation en 1959, à l’«Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme» (EROS) à la galerie Cordier, où elle organise Le Festin de printemps sur le corps nu d’une jeune femme.
Tout au long de son parcours artistique, Meret Oppenheim explore le thème de l’indétermination des genres en s’appropriant aussi bien les mythes, les rêves et les jeux, que la littérature de son temps et les écrits de Carl Gustav Jung. Varié et d’une indéniable originalité, son œuvre est constitué de peintures, sculptures, assemblages, poésies et objets de design. L’artiste fait fi du choix d’une technique et ignore autant les classifications stylistiques que l’idée de progression linéaire.
Dans les années 1970, elle devient une véritable icône du féminisme. Artiste surréaliste protéiforme, elle participe à la redéfinition des marges de l’art et inspirera de nombreux artistes, de Louise Bourgeois à Birgit Jürgenssen.
Cette rétrospective regroupe plus de 200 œuvres organisées en huit sections thématiques. Afin de resituer l’œuvre d’avant-guerre de Meret Oppenheim dans le contexte qui l’a vu naître, ses œuvres sont présentées en regard de celles d’artistes surréalistes tels que Jean Arp, Marcel Duchamp, Max Ernst, Alberto Giacometti ou encore Man Ray.