C’est à une discussion que la Monnaie de Paris convie le visiteur avec l’exposition «Merci Raymond», un dialogue artistique instauré par Bertrand Lavier avec son ami défunt Raymond Hains.
Au fil d’installations disposées dans les salons de la Monnaie de Paris, Bertrand Lavier articule des face-à -face inattendus et met à jour des correspondances, entre les œuvres laissées par Raymond Hains et les siennes. Il ouvre même cet échange à d’autres artistes d’horizons les plus divers tels que Christian Boltanski, David Ostrowski, Claude Closky, Igor Stravinsky (Petrouchka), Gérard Gasiorowski, Vassily Kandinsky, Piotr Kowalski, Olivier Mosset, Franck Scurti, Piotr Uklański ou encore Roman Polanski.
Plus vivant qu’un hommage, cette mise en scène provoque le télescopage entre œuvres du passé et œuvres contemporaines et révèle le lien qui existe entre elles.
Cet hommage ouvert sur l’avenir se manifeste avant même l’entrée dans l’exposition, grâce au titre de celle-ci, affiché par Bertrand Lavier en immenses lettres en verre cannelé doré, une manière de faire un clin d’œil à la fois à Raymond Hains, qui affectionnait ce matériau, et au lieu même de l’exposition, la Monnaie de Paris, dont il rappelle la dorure des pièces qui y sont frappées.
Le but affirmé de Bertrand Lavier est de poursuivre la démarche artistique de Raymond Hains, en montrant combien les œuvres qu’il présente recèlent des sens et des interprétations multiples, et appellent des réparties.
La nature et la perspective du travail de Raymond Hains comme du sien sont propices à cette scénographie. Liés par leur intérêt commun pour le langage, les deux artistes communiquent ici pour offrir un parcours à travers l’histoire des images, des mots, des formes et des arts qui multiplie les passerelles inédites, les raccourcis, les détours.
Entre les photographies expérimentales de la figure de proue du Nouveau Réalisme que fut Raymond Hains et les installations et sculptures de Bertrand Lavier circule une même recherche autour du texte, des multiples lectures du langage. On retrouve également chez l’un comme chez l’autre l’interconnexion entre l’art et la vie quotidienne comme en témoignent les palissades, tôles et affiches lacérées du premier, aux matières premières directement prélevées dans la rue, et l’installation Walt Disney Productions 1947-1995 N°2 du second, où des œuvres d’art dessinées dans le Journal de Mickey sont reproduites dans le réel. Placée ici derrière une vitre en verre cannelé, cette œuvre y trouve une nouvelle mise en perspective. L’interconnexion sans fin des œuvres, des mots et des images est tout l’enjeu de cette exposition.