Après l’accord conclu en mars dernier par les syndicats et le patronat sur la nouvelle convention de l’assurance-chômage, le gouvernement s’est félicité d’avoir «sauvé» le régime des intermittents. Effectivement, une partie du patronat voulait supprimer purement et simplement ce régime spécifique, jugé trop coûteux par rapport au régime général.
Si le régime des intermittents est maintenu, il est toutefois modifié sur certains points. Ces nouvelles règles sont loin de satisfaire les intermittents et posent trois grands problèmes:
— 1. Le cumul entre salaire et allocations sera désormais plafonné à 5 475 euros bruts par mois.
— 2. La hausse des cotisations sur les salaires. Elles passent de 10,8% à 12,8% (8% côté employeurs, 4,8% côté salariés). Ce qui équivaut selon la CGT spectacle à une perte de salaire net de 0,7% à 0,8%.
— 3. Le délai de carence entre la perception des derniers revenus et le versement des allocations-chômage concernera désormais près de la moitié des allocataires (contre 9% actuellement).
Les représentants des intermittents veulent remettre les partenaires sociaux autour de la table et réclament au ministre du travail, François Rebsamen, de suspendre la procédure d’agrément de l’accord du 22 mars qui devrait avoir lieu courant juin. Pour Denis Gravouil, négociateur de la CGT-spectacle, les seules mesures retenues dans cet accord ne visent qu’à réduire les droits des intermittents, sans qu’aucun débat sur une vaste réforme du régime n’ait eu lieu.
Pour faire pression sur le gouvernement, les intermittents menacent d’annuler tous les grands festivals de l’été. Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, s’inquiète de la situation. Car si les festivals d’Avignon et d’Aix-en-Provence devaient être annulés en 2014, ceux de 2015 et 2016 seraient mis en péril. Et par là , les festivals mêmes en tant qu’institutions.
Pourtant, le gouvernement ne semble pas enclin à revenir sur l’accord du 22 mars. Pour apaiser les esprits, il tente de faire appel à un médiateur en la personne du député socialiste Jean-Patrick Gille, auteur d’un rapport parlementaire sur les conditions d’emploi dans les métiers artistiques. Manuel Valls l’a nommé samedi 7 juin pour «une mission de propositions» sur l’assurance-chômage des artistes et des techniciens du spectacle censée «répondre à certaines inquiétudes».
Un geste qui est loin d’apaiser la grogne des intermittents. Si le conflit se durcit, tous les festivals de cet été seront menacés d’annulation. Dans ce bras de fer entre le gouvernement et les intermittents, chacun à beaucoup à perdre, du côté de l’activité touristique mais aussi des artistes et des compagnies. Hélas, ce conflit porte un nouveau coup dur au secteur culturel qui souffre déjà de la crise générale et de la diminution des subventions publiques.