Thierry Micouin
Men at Work, Go Slow!
Depuis 2001, parallèlement à ses activités liées à la danse contemporaine, Thierry Micouin développe un travail de création et de recherche sur l’image et la vidéo.
Alors que les films Carnet de route (2001), La Terra (2001) et Run Away (2005) témoignent d’une recherche artistique fondée sur le récit, le témoignage et la mémoire, il crée, en 2006, le solo W.H.O qui marque une nouvelle étape dans son parcours. Cette pièce dévoile la singularité de sa démarche qui consiste à associer danse, vidéo et restitution de récits de vie dans des films qui questionnent l’identité sexuelle et la réalité d’un monde contemporain traversé par la violence des stéréotypes de genre.
Men at Work, Go Slow! s’inscrit dans le prolongement de ces recherches.
Réalisé en 2009 à New York — ville de résidence choisie par Thierry Micouin dans le cadre du programme Culturesfrance/ Hors les murs (Villa Médicis) — ce projet interroge l’escorting, cette nouvelle forme de prostitution masculine et se décline selon deux propositions: une version chorégraphique qui a fait l’objet d’une pré-première au Musée de la danse / Le Garage à Rennes en octobre 2010, d’une programmation à l’Étoile du Nord à Paris en janvier 2011 et qui sera présentée au Mac Orlan à Brest le 25 novembre 2011.
La forme installation-vidéo est exposée à La Criée pour la première fois.
Composée de huit moniteurs se faisant face, l’installation délimite un espace de déambulation, reflet d’une dématérialisation d’un trottoir.
Grâce à un dispositif d’écoute individuel, le public peut accéder, dans une certaine intimité, à la rencontre entre Thierry Micouin et chaque escort qui, à chaque fois, se déroule sur le mode de l’interview dans l’appartement privé des jeunes hommes. Le gros plan (close-up) sur les visages libère toute forme de stigmatisation et mêle ainsi la personne et son image, cette image que ces garçons exposent quand ils décident de vendre leurs temps.
Parallèlement, deux films sont projetés de part et d’autre de la salle d’exposition principale. Le premier diffuse des captations de la ville de New York mêlées aux visages des escorts, aux rencontres furtives entre deux corps, aux accessoires de travail.
Souvent masquées et tachées de manière aléatoire par des surimpressions, les images du film se dévoilent ou non. Le deuxième film, réalisé dans les toilettes pour hommes d’un lieu public new yorkais, est une véritable chorégraphie de pieds devant des urinoirs.
Men at Work, Go Slow! est une réflexion sur la notion d’identité, la dimension sociale du corps-objet, le lien qui se profile avec la performance, la mode, la photographie, le cinéma pornographique et surtout, la place que l’individu s’octroie par rapport au choix, à la liberté et à l’argent en particulier.