Communiqué de presse
Max Charvolen, Christoph Draeger, Éric Principaud, Sophie Ristelhueber, Niek Van de Steeg
Mémoires
Cette exposition aborde le thème de la mémoire par trois axes: la mémoire collective, individuelle et celle du geste. Les photographies, dessins et peintures choisis tentent de rendre compte tant dans leurs formes que dans leurs contenus du contexte et des mutations auxquels nous sommes chaque jour confrontés: guerres, accidents, traces, empreintes, souvenirs…
Au-delà d’une présentation de la diversité de la création contemporaine, les dialogues occasionnés ici aiguisent les regards et produisent des sens nouveaux. Chaque artiste apporte une réponse personnelle produisant des décalages qui nous poussent à nous interroger sur la place de l’art dans notre société globalisée.
Et sous des apparences formelles simples, chacun peut déceler des réponses plus complexes. Ici, pas de jugement, pas de dénonciation, pas de morale mais un contact d’autant plus fort qu’il interroge la capacité de relation critique de l’art.
Les images qui nous envahissent sont des témoignages qui s’incorporent à notre mémoire, à notre parole intime. Leur déferlement nous oblige à les envisager autrement, ni documentaires, ni fictions et bien au delà de la fascination qu’elles nous inspirent.
Christoph Draeger et Sophie Ristelhueber produisent des images ambiguës qui modifient la perception de la catastrophe, de la douleur et de la perte, nous incitant à réfléchir sur les attitudes individuelles et collectives face aux images des désastres prévisibles ou accidentels.
Tout comme Niek Van de Steeg qui aborde des questions liées à l’histoire du monde en identifiant des lieux qui interagissent sur la mémoire collective. Dans la série des tableaux noirs, l’artiste dessine à la craie une empreinte fragile et éphémère du monument construit à proximité du lieu où s’est produit un accident d’avion aux Pays-Bas.
Éric Principaud confronte mémoire personnelle et imaginaire, il évoque des espaces figés, silencieux, suspendus dans le temps, qui auraient perdu tout frémissement de vie. Une mythologie proche d’un quotidien qui semble dérisoire, le souvenir d’un passé révolu.
Tandis qu’avec certitude, pragmatisme et réalisme Max Charvolen met en évidence une mémoire inscrite au coeur même de son processus de travail, donnant toute la visibilité de son geste, sa trace. Il recouvre les objets pour en garder le souvenir, pour les sauvegarder dans une dernière tentative de protection du monde, constituant ainsi individuellement sa propre mémoire des objets et des lieux.
Ces écritures multiples témoignent de leur richesse, un voyage pour aller au plus près de ce qui se construit ou se détruit entre les hommes, un lien évident entre zones d’ombre, angoisses et nostalgies. Mémoires incisives, désespérées, contraintes, douloureuses, enchevêtrées, profondes… dans tous les cas il y a matière à réflexion.
Nous sommes projetés dans l’histoire sans être dans l’anecdote. Une nouvelle lucidité nous est offerte comme une expérience de retour possible au monde.