La Galerie Eva Hober présente «Même pas mal», une exposition de Audrey Nervi. Née en 1974 à Lyon, celle-ci peint depuis 2007 à Berlin au rythme de séquences intensives qui ne tolèrent aucune intrusion. La peinture et rien d’autre.
Avant de se jeter dans le travail, Audrey Nervi suit le cours de sa vie, lequel accepte le partage. Audrey Nervi capture, filme des instants de son existence. Elle conserve les plus significatifs qu’elle inscrit au sein de séquences picturales qui deviendront des courts-métrages sans début ni fin. Intégrées dans ce format cinématographique, les images de Audrey Nervi se colorent d’allégories et prennent de l’épaisseur. C’est alors l’heure du travail de la peinture, qui mettra ces images à l’épreuve.
Le monde de Audrey Nervi, peuplé de créatures dont la vulnérabilité et la différence radicale tremblent comme une idée force, fuse alors sans entraves. Sur l’huile sur toile La roue tourne, des squelettes rament de concert sur une galère qui se déploie comme une grande roue. Dans la série Horizon, un bateau pirate se penche sur une ligne presque docile, comme s’il ne demandait que cela, sombrer à jamais sur une mer dont la couleur bleutée nous aimante. Sur la toile Fake King Rumania, c’est un lion sur son flanc qui, un club et une balle de golf abandonnés sur le dos, ne rugit pas sa vengeance à venir mais réclame simplement l’abandon.
L’œuvre de Audrey Nervi fait comme la part belle aux vaincus, à ceux qui n’en peuvent plus. Ceux qui ne sont pas armés pour affronter des rapports de force, des infrastructures démesurées, où il leur faut dénicher des recoins, des solutions de repli. Les couleurs apaisantes, qui respirent et attirent, utilisées par Audrey Nervi, suggèrent que les corps frêles et solitaires de ces toiles les trouvent, ces abris, ces antres de réconfort et de répit.
«Même pas mal», le titre de l’exposition et les toiles de Audrey Nervi à la Galerie Hober répondent avec insolence à ceux qui croient que la liberté et la fantaisie sont l’apanage d’un monde uniformisé.