L’œil photographique de Stéphane Couturier, c’est d’abord la recherche des lignes qui construisent l’espace cadré dans le paysage. Il centre l’attention sur la structure visuelle, là où les formes s’entrecroisent et les couleurs se répondent.
Si Couturier nous avait habitués à une photographie sobre et dépouillée, dans cette nouvelle série «Melting Point», il va puiser du côté du foisonnement et de l’enchevêtrement des éléments visuels. Il saisit le mouvement quotidien des chaînes de montage des usines Toyota à Valenciennes, nous faisant pénétrer dans un autre monde, une ville technologique possédant ses propres codes et règles de fonctionnement.
Le métal, les fils électriques, le plastique couleur bonbon envahissent tous les recoins de l’image et forment un labyrinthe dans lequel le regard se perd. Cette densité d’informations est accrue dans certaines compositions par des superpositions d’images, tendant à troubler la lecture et à déréaliser les données fixées par l’appareil. «Mouvements, dispersions, concentrations, lignes et convergences peuvent former des points de fusion qui seront autant de points de vue», souligne le photographe.
La spécificité de cette série tient aussi à la fluidité des formes qui laissent leur empreinte sur l’image. Choisissant des temps de pose longs, il fixe la forme fluctuante dessinée par les mouvements des robots, des ouvriers ou des tables de montage. D’une image «solide», il passe à une image «liquide», instable. Ainsi, il fait éclater la forme et dynamise la composition. On sent le mouvement, la vie, le scintillement des carrosseries neuves, le dynamisme de l’électricité qui anime les tables de montage.
Vie et multiplicité des formes sont au cœur de ce «Melting Point», où pointe à l’horizon un questionnement sur la technologie de pointe, un environnement à la démesure de l’homme.
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