Communiqué de presse
Annette Messager
Melo-Meli
Du 16 mai au 18 juillet 2008 est organisée dans le cabinet des dessins Jean Bonna des Beaux-arts de Paris, École nationale supérieure, une exposition intitulée « Melo-Meli », consacrée à un choix de dessins d’Annette Messager.
Après un furtif passage à l’École comme élève vers 1962, elle y revient en tant que professeur où depuis 1992 elle dirige un atelier. Le moment semblait donc propice à un hommage au travail de cette artiste française majeure. C’est aussi l’occasion d’écrire une nouvelle page de notre chapitre dédié au dessin contemporain ; après Jean-Michel Alberola et Joël Kermarrec, l’École a souhaité aborder les dessins liés à la sculpture et à l’installation.
Régulièrement présentés, les dessins de l’artiste ne figurent jamais de manière isolée mais font toujours partie d’un pan de sa création. Très souvent complice d’une pratique du détournement et du « trucage », le dessin d’Annette Messager prend la forme de mots dessinés, de « tatouages » aquarellés sur photographies et puise ses sources dans la mémoire collective. Instaurant une équivalence parfaite entre les différents supports utilisés : caoutchoucs découpés, tissus ou papier, elle se joue des catégories esthétiques instituées. Les crayons de couleurs, par exemple, très présents dans ses installations, sont précisément là où l’on ne les attend pas, formant l’une des composantes récurrentes des sculptures et non des dessins.
« Exutoire », « temps d’abandon » et de « réflexion » faisant naître l’« exaltation » et la « fièvre », selon les mots de l’artiste, le dessin confie l’intimité des recherches, les tâtonnements et lève ainsi le voile sur la naissance de l’œuvre.
À lui seul, le titre donne le ton de l’exposition et relance le thème de la fragmentation indissociable de l’œuvre de l’artiste : mélange de différentes séries, cette présentation se déploie autour de sept ensembles dessinés récents, créés entre 2000 et 2008.
Annette Messager a choisi, à travers un groupe de dix-neuf dessins, de développer sur papier les tribulations de Pinocchio, fétiche vedette du Casino de la Biennale de Venise en 2005. Complétée par des caoutchoucs découpés à l’effigie de la face du pantin, cette suite prend place aux côtés de quelques-uns de la série des « Faire des cartes de France » (2000), « Mettre aux mondes » (2006), d’un « Torchon digestif » (2001) et d’une « tête badgée » (2007-2008).
L’artiste tisse une nouvelle histoire de corps, d’un filet à l’autre, d’un voile à un dessin. À travers ces évocations de l’accouchement, du désir – latent dans le jeu de mots figuré par l’expression « Faire des cartes de France » –, et du désir d’incarnation (Pinocchio) comme de la digestion (le torchon), Annette Messager met en scène le corps, qu’elle malmène jusque dans cette installation in situ conçue autour de neuf bustes de bronze ornant le cabinet de dessins.
Cette exposition n’aurait pu avoir lieu sans la disponibilité de l’artiste, l’aide généreuse des prêteurs, et notamment le soutien de la galerie Marian Goodman.