Denis Savary
Meilleurs voeux / d’après
Denis Savary entame une réflexion sur la notion d’auteur en essayant de saisir l’état d’esprit dans lequel des œuvres ont pu voir le jour et en établissant de fait un dialogue avec d’autres artistes, ceux de sa génération mais aussi ceux des siècles passés.
«Meilleurs vÅ“ux / d’après» fait écho à l’invitation reçue il y a quelques mois par le musée Jenisch de Vevey en Suisse (12 octobre 2007 – 20 janvier 2008) : convié alors à réaliser une exposition personnelle, Denis Savary s’est mué en « artiste/curateur » en pervertissant la proposition pour mieux comprendre les enjeux d’une telle pratique, ouvrant ainsi la proposition à d’autres créateurs. Plutôt que de présenter ses Å“uvres de façon classique, Savary s’est penché sur l’histoire de l’institution pour y puiser des anecdotes passées et ainsi investir tous les espaces d’exposition avec des interventions poétiques en lien avec les collections et leur passé.
Le cycle « Terrains de jeux » au Jeu de Paume interroge justement les nouveaux modes opératoires qui, dans l’art contemporain, font aujourd’hui se côtoyer différents acteurs et compétences sans que la figure omnipotente et romantique de l’artiste ne soit abandonnée.
La poupée que l’artiste a fait réaliser d’après celle d’Oskar Kokoschka en constitue sans doute la parfaite démonstration. Fabriquée par une couturière d’après la description écrite de Kokoschka et sous la direction de Denis Savary, cette poupée représente Alma Mahler, figure de l’amante perdue.
À la manière d’un musicien, véritable homme-orchestre, l’artiste réinterprète une composition existante afin d’observer comment un concept émis par une source extérieure (souvent en complète dissonance par rapport à son esthétique) parvient à prendre forme. Entre sculpture et objet fétiche, cette œuvre met en exergue la quête impossible de la représentation idéale. Denis Savary se saisit des écarts qui naissent de ces distorsions. Dans l’œuvre réalisée d’après Félix Vallotton, il puise également dans les « repentirs » de cet artiste en récupérant les bois de la série de gravures intitulée « Intimité ». Valloton avait décidé de détruire ses pièces et de ne conserver qu’un fragment de chacune d’elle pour réaliser un puzzle. Denis Savary expose l’image disparue et résiduelle, celle oblitérée et écartée par Vallotton, mais qui constitue paradoxalement la partie la plus complète et informative.
De même, l’installation Cotillons, qu’il a réalisée avec Jean Christophe Huguenin, est une re-création d’un motif initié au musée Jenisch. Répartis sur le sol et formant un dessin abstrait, ces attributs de la fête composent un curieux tapis aux couleurs affadies d’une fin de bal.
Denis Savary montrera également des vidéos, dont plusieurs productions inédites. Sa volonté de créer des interactions entre les œuvres qu’il conçoit et les lieux d’exposition s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la programmation « Satellite » : celle de l’interrogation du statut de l’image, de l’artiste, de l’exposition elle-même, vus à travers le prisme de la création la plus récente.
Denis Savary est né en 1981 à Granges Marnand, en Suisse. Diplômé de l’École Cantonale d’Art de Lausanne en 2005, il participe à l’exposition « Enchanté château », organisée par Christian Bernard à la Fondation pour l’art contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon, puis à une exposition du MAMCO en 2006. Résident au « Pavillon » du Palais de Tokyo pendant l’année 2006/2007, le musée Jenisch de Vevey lui consacre sa première exposition personnelle (du 12 octobre 2007 au 20 janvier 2008) en Suisse.
Son travail a déjà été récompensé par plusieurs prix : Prix Ernest Manganel, Prix de la Fondation Leenaards, Bourse de la Fondation René Liechti pour l’art, Prix fédéral d’Art… Il participera cette année au Printemps de septembre à Toulouse.
Il vit et travaille à Lausanne ; il est représenté en France par la Galerie Xippas (Paris) qui lui consacrera, en 2008, une exposition personnelle dans son espace d’Athènes.