François Bouillon, Lucia Bru, Patrick Caulfield, Stéphanie Cherpin, Jean Clareboudt, Fabrice Cotinat, Alain Doret, Georg Ettl, Piero Gilardi, Marco Godinho, Olivier Gourvil, Jane Harris, Hippolyte Hentgen, Henri Jacobs, Jean-Philippe Lemée et Gilles Mahé, Sol LeWitt, Charles Mason, Bernard Moninot, Richard Monnier, Olivier Nottelet, Guillaume Pinard, Laurent Proux, André Raffray, Loïc Raguénès, Hugues Reip, Bruno Rousselot, David Scher, Alain Séchas, Vladimir Skoda, Laurent Terras, Elmar Trenkwalder, Arnaud Vasseux
Mécaniques du dessin
Dans la collection d’œuvres graphiques de l’Artothèque du Limousin, et aussi dans une moindre mesure au sein de la collection du Frac, le dessin est très présent sous des formes très diverses. Cette exposition, intitulée «Mécaniques du dessin», s’appuie sur une exploration en profondeur des deux collections pour échafauder une présentation permettant de mettre en relief certains axes d’appréciation. Dessins délégués, mécanisés, à quatre mains, de sculpteurs, proches de reproductions, pluri-stylistiques, de peintres sont quelques-uns des thèmes abordés dans cette exposition qui prend la forme d’une sorte de pinacothèque temporaire.
La collection du Frac Limousin repose notamment sur des ensembles monographiques d’artistes importants. Parmi ceux-ci, certains pratiquent le dessin de manière systématique et on peut avancer que le dessin nourrit l’ensemble de leur démarche. Que l’on pense à Alain Séchas, par exemple, ou encore à Georg Ettl, Hugues Reip et Guillaume Pinard.
Les quatre premières salles de la galerie des Coopérateurs montrent des ensembles d’œuvres de ces artistes qui établissent des conversations plutôt humoristiques sur des sujets précis. Le dessin ne se limite pas seulement au papier, mais peut prendre des formes sculpturales, lumineuses et temporelles. L’utilisation de techniques artisanales (papiers découpés) ou industrielles (sérigraphie, néon, etc.) voire de technologies plus récentes (dessins et animations numériques) montre, s’il le fallait, que les artistes font usage de tous les outils disponibles pour doter leurs œuvres de formes très convaincantes.
Dans les salles suivantes est présentée une œuvre qui documente l’activité développée entre 1994 et 1997 par deux artistes, Gilles Mahé et Jean-Philippe Lemée: une école de dessin par correspondance. A travers des documents divers (affiches, tracts, correspondances, etc.), la boîte NCDGQAD (pour «Nous Cherchons Des Gens Qui Aiment Dessiner») met en lumière l’enseignement et la transmission du dessin à travers sujets, notations, corrections, et sélection. Dans la même salle, des papiers grand format montrent des dessins d’artistes et d’architectes agrandis mécaniquement, amplifiés et surlignés par une petite machine conçue par Fabrice Cotinat. En contrepoint, un dessin réalisé à quatre mains par le duo Hippolyte Hentgen, rejoue avec préméditation et non sans paradoxe, la technique surréaliste du «cadavre exquis» pour une représentation de la géométrie plutôt amusante.
Ensuite, une grande salle blanche accueille des dessins de sculpteurs. Présentés en grappes, du sol au plafond (rappelant l’accrochage qu’on pratiquait dans les musées jusqu’au XlXe siècle). Cet ensemble offre un panorama ouvert en termes de générations et de techniques, de Jean Clareboudt à Vladimir Skoda, de Richard Monnier à Arnaud Vasseux, de Charles Mason à Elmar Trenkwalder, de Laurent Terras à Lucia Bru, de François Bouillon à Stéphanie Cherpin.
Plus loin, des œuvres récentes de Bernard Moninot et d’Olivier Nottelet spéculent sur l’espace, l’un par superposition d’écrans de soie qui nuancent les effets de profondeur, l’autre par le contraste noir et blanc de l’encre de Chine sur papier poussé au maximum. De part et d’autre de la porte d’accès à la petite salle, deux dessins à l’encre et aux crayons de couleurs de Piero Gilardi montrent des vues rapprochées de paysages, à l’image des tapis-nature qui l’ont fait connaître.
La petite salle jaune orangée est consacrée à la présentation de dessins d’André Raffray: le fameux paysage recommencé d’après Picabia où l’artiste a retrouvé le point de vue du maître (à 50 cm près) sur la Sédelle, près de Crozant, et en propose une vision en diptyque; Le peintre assassiné, gouache de la série télé culte Les Brigades du Tigre; le Haussmann perdu et retrouvé par André Raffray, ultime œuvre réalisée par Raffray pour le Frac Limousin en 2009.
Plus loin, quatre dessins réalisés aux crayons de couleurs par Loïc Raguénès donnent un bon aperçu de son processus de création. A partir d’une banque d’images, l’artiste réalise patiemment des dessins monochromes et, plus rarement, polychromes, copies manuelles d’images tramées, déjà imprimées.
En vis-à -vis, Rythme vital de Marco Godinho est constituée d’un faisceau de néons colorés qui dessinent les différents itinéraires parcourus entre la gare de Nancy et la galerie de l’artiste dans cette ville, et d’un ensemble de 21 dessins aux techniques variées qui sont autant de détails urbains aperçus lors de ses déambulations.
Trois dessins multidirectionnels particulièrement denses de l’américain David Scher montrent la saturation des signes et des informations dans la métropole contemporaine.
Enfin, la dernière salle accueille un vaste dessin mural d’Alain Doret. Réalisé par des étudiants de l’ENSA selon un protocole très précis établi par l’artiste, ce dessin aux dimensions de la salle est une combinaison aérée d’un répertoire de formes (les «F3D») aux traits plus ou moins épais qui n’est pas sans évoquer le flottement d’un économiseur d’écran.
Cette surface visuellement mouvante sert de support à des dessins de peintres accrochés en une ligne horizontale. S’y présentent, à hauteur d’Å“il, des recherches graphiques d’Alain Doret, Jane Harris, Sol LeWitt, Olivier Gourvil, Bruno Rousselot et Henri Jacobs. Chaque dessin superpose des plans et/ou des enchevêtrements de motifs pour suggérer une spatialité à l’intérieur du format de la feuille de papier.