Rada Boukova
Me and a German girl
Par Jonathan Chauveau
Camarades
Prise en 1984 sur une plage bulgare de la Mer Noire, la photo souvenir Me and a German girl montre Rada Boukova à l’âge de onze ans, bras dessus bras dessous avec une copine est-allemande. Si l’artiste ne se rappelle plus le nom de son amie, elle se souvient en revanche parfaitement des circonstances qui ont mené à la réalisation de ce portrait.
Dans la Bulgarie socialiste, comme dans tous les pays du bloc soviétique, les enfants se devaient d’entretenir une relation amicale avec un alter ego communiste étranger, bref d’avoir un «camarade». Chaque été, l’Etat organisait des colonies de vacances en bord de mer afin que les «camarades» puissent faire connaissance, un photographe officiel venant sur place pour immortaliser une amitié qui avait été créée de toutes pièces. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette intimité estivale si ce n’est cette photo où transparaît de manière évidente — et ceci malgré le côté arrangé de la rencontre — le plaisir simple, innocent et spontané qui consiste à devoir sourire devant un objectif photographique.
Me and a German girl est une porte d’entrée. La franchir ouvre le regard à d’autres images possibles de l’univers de Rada Boukova: entre l’atoll de Bikini (où a eu lieu le premier essai nucléaire américain en 1946), un horizon plastique, une clef lumineuse et un bonbon tête de mort, l’espace de la galerie sera rempli par une centaine de ballons de fêtes foraines qui se dégonfleront imperceptiblement autour de vous comme autant de lointains souvenirs d’enfance sous l’effet du temps.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Céline Piettre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Me and a German Girl